Stephen Harper songe à déclencher des élections avant la reprise des travaux parlementaires prévue le 15 septembre. Sa décision dépendra de ses rencontres imminentes avec les chefs des trois partis d'opposition, a-t-on indiqué hier à La Presse.

M. Harper souhaite ainsi évaluer le climat dans lequel la prochaine session parlementaire se déroulera. Selon des sources, le bureau du premier ministre a entrepris ces démarches il y a quelques jours, confirmant que la stratégie électorale des conservateurs est bien arrêtée.

L'option de déclencher des élections générales avant la reprise des travaux parlementaires est sur la table. Tout dépendra des résultats des rencontres avec les chefs des autres partis», a affirmé hier un stratège conservateur.

Des élections partielles doivent avoir lieu le 8 septembre dans les circonscriptions de Westmount–Ville-Marie, Saint-Lambert, au Québec, et à Guelph en Ontario. Une quatrième élection partielle a été convoquée le 22 septembre dans la circonscription ontarienne de Don Valley Ouest. Selon toute vraisemblance, M. Harper attendra les résultats du 8 septembre avant d'arrêter sa décision.

Si les Canadiens sont convoqués aux urnes avant le 15 septembre, le scrutin aurait lieu le 20 ou le 27 octobre. La loi prévoit qu'une campagne électorale dure au minimum 36 jours et que le vote soit tenu un lundi. Le début novembre est exclut à cause des élections présidentielles du 4 novembre.

Le chef du Parti libéral, Stéphane Dion, le chef du NPD, Jack Layton et le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, ne sont pas d'humeur à faire des concessions qui permettraient au gouvernement minoritaire conservateur de se maintenir au pouvoir sans être embêter au cours des prochains mois.

Au contraire, les trois leaders ont fait savoir qu'il incombe à Stephen Harper de faire des concessions importantes. Gilles Duceppe a même affirmé à Trois-Rivières mardi que le premier ministre devra abandonner son « idéologie de droite qui va à l'encontre des valeurs du Québec » dans les domaines de la culture, de l'environnement et de l'économie à défaut de quoi le Bloc québécois déposera une motion de censure contre le gouvernement Harper à la première occasion qui se présentera aux Communes.

Jack Layton a tenu des propos semblables à Montréal tandis que Stéphane Dion souhaite aussi un changement de cap du gouvernement Harper dans plusieurs domaines, en particulier l'environnement.

À Dion de trancher ?

Tout indique que la rencontre entre M. Harper et M. Dion sera la plus déterminante. Si MM. Duceppe et Layton n'ont pas caché leur appétit pour des élections hâtives, Stéphane Dion a soufflé le chaud et le froid quant à la justesse de tenir des élections cet automne. Mais les troupes libérales souhaitent une campagne électorale le plus rapidement possible, ce qui augmentera la pression sur M. Dion pour qu'il maintienne la ligne dure envers les conservateurs au cours des prochaines semaines.

S'il décide de déclencher lui-même des élections générales, M. Harper violerait vraisemblablement l'esprit de la Loi sur les élections que son gouvernement a fait adopter par la Chambre des communes l'an dernier. Cette loi stipule que les élections fédérales ont lieu à date fixe, tous les quatre ans, et précise que le prochain scrutin doit avoir lieu en octobre 2009.

M. Harper a brandi à deux reprises au cours des deux dernières semaines la possibilité de déclencher lui-même des élections s'il conclut que la situation politique à Ottawa est devenue ingouvernable. Si M. Harper devait mettre sa menace à exécution, les conservateurs pourraient donc se retrouver sur la défensive en début de campagne.

Tant Stéphane Dion et Jack Layton que Gilles Duceppe ont en effet indiqué qu'ils comptent exploiter à fond une telle décision qui serait l'exemple éloquent selon eux que M. Harper ne respecte pas ses propres lois et ses promesses.

À la suite des propos bagarreurs de M. Harper au cours des derniers jours, tous les partis ont mis leur machine électorale en état d'alerte maximum. Tout est mis en oeuvre – sélection de candidats, location de bureaux de campagne, réservation d'autobus et d'avions – afin d'être fin prêts pour la bataille à venir.

Pour sa part, le Bloc québécois entend frapper principalement sur un clou durant la prochaine campagne. Le parti souverainiste martèlera pendant toute la durée de la campagne que le Bloc est le seul parti au Québec en mesure de battre les conservateurs et de les empêcher de former un gouvernement majoritaire