Dans la foulée des viandes infectées chez Maple Leaf, le député bloquiste Robert Bouchard a sommé hier le gouvernement conservateur de rendre l'étiquetage sur la provenance des produits alimentaires obligatoire. Selon lui, "dans un contexte de mondialisation des échanges commerciaux, les gens veulent savoir ce qu'ils consomment, d'où ça provient et quels ingrédients entrent dans la composition du produit."

Le député de Chicoutimi-Le Fjord a identifié deux principaux problèmes liés à l'étiquetage. Ce sont les coûts de transformation et d'emballage, qui reposent sur une base volontaire. Pour illustrer son propos, M. Bouchard a montré aux journalistes un bocal d'olives d'une marque générique. "Ce produit est étiqueté Produit du Canada. Pourtant, il n'y a aucun producteur d'olives au Canada."

Selon M. Bouchard, les producteurs de la région "perdent une part de marché qui leur revient, parce que les acheteurs ne savent pas la provenance de ce qu'ils mangent." Il a terminé en interpellant les consommateurs du Saguenay-Lac-Saint-Jean à acheter des produits de la région dans les marchés publics et dans les comptoirs spécialisés.

Production régionale

Si l'on retrouve des fruits et des légumes qui proviennent de l'extérieur dans nos supermarchés, c'est en grande partie en raison des salaires moindres accordés aux travailleurs de l'Asie ou du Mexique. Jean-Prince Tremblay, président du Syndicat des producteurs horticoles, pense que "la différence n'est souvent pas énorme et que le consommateur doit décider s'il est prêt à payer un peu plus pour un produit de qualité supérieure."

M. Tremblay affirme que plus la provenance des aliments est précise, plus les consommateurs tendent à faire confiance à ces produits. "Les produits étiquetés comme provenant du Saguenay-Lac-Saint-Jean sont souvent les premiers à partir des tablettes." Le directeur général de la Société des fabricants régionaux, Alain Boulianne, rappelle quant à lui que l'étiquette aux couleurs de la région qui garantit un niveau de qualité existe depuis 1993, mais qu'il est difficile de l'imposer aux grandes chaînes d'alimentation.

Jean-Prince Tremblay a aussi fait remarquer le problème écologique lié à l'achat des produits provenant de l'extérieur. "Souvent, les légumes d'ici sont envoyés à l'extérieur et ceux qu'on retrouve ici viennent d'ailleurs. C'est illogique et ce transport inutile par camion de la nourriture nuit à l'environnement."

En complément, M. Boulianne a fait remarquer que "si on fermait la Réserve faunique des Laurentides demain, la région serait autonome en nourriture."

M. Boulianne croit que des alternatives aux chaînes d'alimentation sont possibles. Des regroupements comme "Les amis de la terre", sorte de marché virtuel où l'on peut faire une épicerie sur internet pour ensuite venir la chercher une fois par semaine, peuvent aider les producteurs locaux. Cependant, "c'est tellement nouveau qu'il est difficile d'en mesurer l'impact sur nos producteurs régionaux", dit-il.

Sbouchard@lequotidien.com