La rentrée s'annonce plus difficile que jamais pour les usagers des autobus de la Société de transport de Montréal (STM), qui risquent d'attendre plus longtemps leurs autobus du matin. Ils devront patienter jusqu'à 2009 pour voir des améliorations notables durant les périodes de pointe.

La Presse a appris que le transporteur public de Montréal prévoit mettre un total de 1240 autobus en fonction durant les périodes de pointe dès la semaine prochaine. C'est une cinquantaine d'autobus de moins que le minimum de véhicules qui était requis, au cours des deux dernières années, pour assurer l'ensemble des services d'autobus dans l'île de Montréal.

Malgré les améliorations de services apportées sur plusieurs dizaines de lignes d'autobus depuis le début de 2008, les usagers qui doivent se déplacer pendant les heures de plus grande affluence ne verront pas leur sort s'améliorer cet automne.

L'ajout d'autobus aux «épaules» de la pointe et la création d'une ligne express reliant le centre-ville de Montréal au campus industriel de Bell, à L'Île-des-Soeurs, près du pont Champlain, sont les seules améliorations aux services de pointe prévues par la STM, pour la rentrée de septembre (voir tableau).

En vertu de ces projets, 14 circuits actuels de la STM bénéficieront des ajouts d'autobus aux « épaules » de la pointe – soit au début et à la fin de cette période charnière durant laquelle s'effectuent environ le quart (25 %) de tous les déplacements en transports en commun de la journée. Rien pour améliorer la situation au plus fort des périodes de pointe.

Plus des deux tiers des heures de service additionnelles financées par le Programme d'amélioration des services de transports en commun (PASTEC), seront ajoutées, hors pointe, le soir ou les fins de semaine, sur des lignes qui desservent des artères commerciales et des parcs industriels, et sur plusieurs lignes Métrobus et Express de la STM.

De fait, presque 80% des améliorations de services prévues par la STM sur ses circuits d'autobus depuis le début l'année, sont des ajouts hors pointe. La création de nouveaux services d'autobus rapides, prévue pour 2009 (voir encadré ci-contre), nécessitera la mise en service de 80 autobus additionnels, dont la STM ne dispose actuellement pas.

Une centaine de nouveaux autobus doivent être livrés à la STM d'ici la fin de l'année, dont une partie servira d'abord à remplacer des véhicules qui ne sont même plus sur la route.

En 2009, la livraison de 340 nouveaux autobus devrait enfin donner un peu d'air à la STM.

Un parc fatigué

D'ici là, la société doit composer avec un parc vieillissant, dont près du quart est affligé par des problèmes mécaniques chroniques.

En entrevue à La Presse, le président du Syndicat des transports (CSN) de la STM, Pierre Saint-Georges, a affirmé hier «que c'est l'état général de la flotte d'autobus qui est train de se dégrader», après des années de négligence dans l'entretien préventif des 1600 véhicules du transporteur.

«Ce qu'on voit aujourd'hui, dénonce-t-il, ce sont les conséquences d'un choix fait par un gestionnaire privé qui a géré l'entretien des autobus à partir des critères de la Société d'assurance automobile du Québec, au lieu de ceux de la STM. Quand une pièce mécanique est rendue aux critères de la SAAQ, c'est parce qu'il faut la changer, et pour cela, faut immobiliser le véhicule.»

Selon des documents obtenus par La Presse, le nombre des autobus qui pouvaient prendre la route pour assurer les services de la pointe matinale, est en déclin constant depuis le printemps 2007.

Alors que le nombre d'autobus requis pour exploiter l'ensemble du réseau se situait entre 1300 à 1320, jusqu'en février dernier, selon des documents de la STM, le directeur de l'exploitation des réseaux, Carl Desrosiers, a affirmé, hier, que tous les services d'autobus de la société pourront être assurés aux heures prévues, avec environ 1240 véhicules fonctionnels.

Selon lui, un examen détaillé de l'achalandage des circuits d'autobus de la société a permis de rebalancer l'offre de service, en changeant l'affectation de véhicules prévus sur des lignes moins fréquentées, au profit de lignes très achalandées, où il est parfois impossible de monter en raison d'un surnombre des passagers.

M. Desrosiers a tout de même admis «que pour la rentrée de septembre, ça va être serré. Au mois d'octobre avec les livraisons d'autobus neufs, on va respirer plus à l'aise. Et en 2009, on va être en voiture.»

Pour sa part, M. St-Georges est moins optimiste. Les nouveaux autobus devraient permettre le retrait de centaines de véhicules problématiques, mais le déclin du reste du parc demeure, selon lui, préoccupant.

La réorganisation du travail aux ateliers, affirme-t-il, était au coeur des propositions de ce syndicat, qui compte 2200 membres, lors de négociations pour le renouvellent de la convention collective, échue depuis janvier 2007. «Il n'y a pas de ralentissement de travail ou de moyens de pression aux ateliers d'entretien, assure le dirigeant syndical. Le climat est juste désabusé. On fait ce qu'on nous demande, un point c'est tout.»