Si l'on veut accroître la proportion de jeunes qui obtiennent leur diplôme d'études secondaires (DES), il faut mettre fin à la concurrence entre les écoles, a plaidé lundi le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Réjean Parent.

A l'heure actuelle, à peine 71 pour cent des élèves obtiennent leur DES avant l'âge de 20 ans. On est bien loin de l'objectif de 85 pour cent mis de l'avant pour 2010 par la Commission des Etat généraux sur l'éducation, en 1996.

«Viser l'obtention d'un diplôme pour le plus grand nombre, ça devrait être une responsabilité prioritaire de l'Etat, ça devrait être au coeur d'une campagne magistrale menée au cours des quatre, cinq prochaines années», a lancé M. Parent en conférence de presse à Montréal.

«Il devrait y avoir une mobilisation sans précédent», a-t-il ajouté.

Le syndicaliste a souligné que le réseau scolaire public avait perdu 76 551 élèves de 2002 à 2008 alors que pendant la même période, le secteur privé en a gagné 13 361.

Par la fin de la concurrence entre les établissements, la CSQ entend non seulement l'abandon des divers palmarès et classements, mais aussi l'abolition graduelle du financement gouvernemental versé aux écoles privées.

«Partout où la concurrence est moins présente, le système est plus performant», a soutenu Réjean Parent, en disant s'appuyer sur des études comparatives internationales.

Le président de la centrale syndicale a même fait un lien entre l'existence d'écoles et de programmes élitistes et les événements malheureux de Montréal-Nord, survenus il y a un peu plus de deux semaines.

«Quand on écrème - on sort les éléments les plus talentueux et on laisse ceux qui sont les plus démunis ensemble -, eh bien dans ce contexte-là, on ghettoïse une clientèle et on se met à risques sociaux importants. Il ne faut pas se raconter d'histoires: les élèves qui ne réussissent pas sont les enfants les plus pauvres.»

Difficultés d'apprentissage

La CSQ dénonce toutefois l'intégration à tous crins des élèves qui éprouvent des difficultés d'apprentissage dans les classes régulières, allant jusqu'à réclamer une révision de cette pratique.

«Dans les années 1970, les classes spéciales, c'était pour les élèves en difficulté, a rappelé M. Parent. Eh bien en 2008, les classes spéciales, c'est pour les élèves talentueux et la classe régulière est devenue un fourre-tout avec plus ou moins de ressources professionnelles.»

Comme la CSQ, la Fédération des commissions scolaires prône l'élimination graduelle du financement public des écoles privées. L'organisme s'oppose également à l'intégration «à tout prix» des élèves en difficulté aux classes régulières, mais ne croit pas nécessaire de revoir en profondeur la politique gouvernementale à cet effet.

Au sujet de la controversée réforme scolaire, Réjean Parent a déclaré: «elle n'a pas empiré les choses, mais on est loin de pouvoir proclamer qu'elle les a améliorées», avant d'ajouter que le «vrai test» serait dans deux ans, lors des premières épreuves nationales.

La centrale syndicale a par ailleurs réitéré, lundi, ses revendications en faveur d'une réduction du nombre d'élèves par classe et de l'amélioration des conditions de travail du personnel de l'éducation, afin notamment de juguler les départs précipités et l'épuisement professionnel.

Selon la CSQ, Québec devrait injecter 700 millions $ de plus par année dans l'éducation afin de rejoindre la moyenne pancanadienne. A l'approche d'une campagne électorale, la centrale presse les conservateurs de ramener les transferts fédéraux pour l'éducation à leur niveau du début des années 1990.

Les propositions de la CSQ découlent d'une tournée de consultation à laquelle ont participé plus de mille personnes.