Le programme du gouvernement conservateur visant à assurer un financement stable aux forces armées canadiennes est déjà compromis, quelques mois à peine après son annonce, indique un rapport.

Le comité sénatorial de la sécurité nationale et de la défense a publié, mercredi, un document qui laisse entendre que quelque chose ne tourne pas rond avec les chiffres fournis par le gouvernement de Stephen Harper.

Le président du comité, le sénateur Colin Kenny, affirme que le hausse annuelle prévue de 1,5 pour cent du budget de la défense ne suffira même pas à compenser pour l'inflation. La Banque du Canada vient juste d'annoncer que le taux d'inflation atteindra 4 pour cent, a fait remarquer M. Kenny en entrevue.

La stratégie d'acquisition du ministère de la Défense nationale, tant vantée par les conservateurs, prévoit que le gouvernement fédéral ne payera plus pour les déploiements outre-mer, comme la mission en Afghanistan, à même le budget annuel de fonctionnement du ministère. Dans le cadre de cette stratégie, le premier ministre Harper a promis d'augmenter le budget de l'armée de 1,5 pour cent par année d'ici 2011, et de 2 pour cent par année par la suite.

Le ministre de la Défense, Peter MacKay, a rejeté les critiques des sénateurs, mercredi, en disant que son gouvernement compte injecter jusqu'à 50 milliards $ dans les forces armées - un engagement financier et moral sans précédent, a-t-il commenté dans un courriel. Quand il était au pouvoir, le Parti libéral a lui-même comprimé les dépenses militaires, a-t-il dit, qualifiant le rapport Kenny d'hypocrite.

Les sénateurs ne sont pas les seuls à se préoccuper d'un manque à gagner budgétaire. La Conférence des associations de la défense, composée principalement d'officiers à la retraite, a discrètement publié sa propre analyse du plan gouvernemental, la semaine dernière, soulignant qu'une bonne partie des propositions dépendra des caprices des politiciens et d'une économie incertaine.

Selon l'association, Ottawa ne pourra peut-être pas tenir sa promesse, surtout en ce qui a trait au remplacement d'équipements vétustes.

Le nouveau chef d'état-major des forces canadiennes, le général Walter Natynczyk, et d'autres hauts gradés de l'armée ont témoigné devant le comité du Sénat, en juin. Le général Natynczyk a alors déclaré que le gouvernement s'était engagé à fournir aux forces armées le financement nécessaire pour alimenter leur croissance, une promesse qui - selon M. Kenny - ne résiste pas à une simple analyse économique.