Les leaders d'Afrique australe, qui ont échoué ce week-end à arracher un accord sur un partage du pouvoir au Zimbabwe, ont surtout cherché à faire plier le chef de l'opposition Morgan Tsvangirai, a estimé lundi la presse sud-africaine.

Le président sud-africain Thabo «Mbeki augmente la pression sur Tsvangirai», titre en une le quotidien The Times, qui ajoute «Ultimatum pour l'opposition zimbabwéenne: signer l'accord ou laisser le parlement décider».

Les dirigeants de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), réunis en sommet à Johannesburg, ont appelé à la convocation du parlement issu des élections du 29 mars. Le président Robert Mugabe avait alors subi un revers historique en perdant le contrôle de la chambre des députés.

Mais la majorité de Tsvangirai dépend de la coopération d'une petite faction dissidente de son parti, menée par Arthur Mutambara qui a conclu la semaine dernière une entente informelle avec le régime.

«La menace des leaders de la SADC de porter la question devant le parlement peut donc être perçue comme un moyen d'augmenter la pression sur Tsvangirai pour qu'il signe l'accord», estime The Times.

«Cette décision peut également favoriser Mugabe», renchérit le quotidien des affaires Business Day qui note que le parlement «n'avait pas été convoqué en grande partie parce que la présidence était disputée».

Quant au quotidien à grand tirage The Star, il craint que la convocation du parlement «ne bloque le dialogue»: «cela signifierait que Mugabe nomme immédiatement son gouvernement. Le faire avant que les négociations soient terminées permettrait d'exclure Tsvangirai de ce gouvernement».

Le pouvoir et l'opposition se sont engagés le 21 juillet à négocier un gouvernement d'union mais le dialogue achoppe sur les pouvoirs exécutifs qui reviendraient au président Mugabe et à son premier ministre Tsvangirai dans ce cadre.

L'enjeu est de débloquer la paralysie née de la réélection contestée du président Mugabe fin juin, au cours d'un scrutin boycotté par Tsvangirai - pourtant arrivé en tête au premier tour - et entaché de violences.