Elle a frôlé le podium. Mais avec sa quatrième place olympique à Pékin, l'haltérophile Christine Girard réalise que les efforts qu'elle consacre à son sport depuis 13 ans n'ont pas été vains. Elle prend également conscience qu'elle est de la trempe des meilleures. Voilà de quoi motiver une athlète pour au moins quatre autres années.

C'était mardi après-midi à Pékin. En plein coeur de la nuit au Québec. Christine Girard rate ses deux derniers levers, 130 kg à l'épaulé-jeté. Sa compétition est terminée, et elle touchait au podium des 63 kg. Elle était même, virtuellement, sur la troisième marche, grâce à un épaulé de 126 kg. Puis, une haltérophile nord-coréenne a réussi in extremis à lever 135 kg, et voilà Christine Girard éjectée du podium.

Mais qu'on ne s'y trompe pas. Ce que venait d'accomplir l'athlète de 23 ans, c'était une belle réussite, le résultat - excellent, assure son entraîneur - de 13 ans d'entraînement. Du coup, elle s'est bâti une fondation solide pour la préparation qui la mènera à Londres, dans quatre ans.

Pour sa performance olympique à Pékin, pour les efforts qui lui ont permis de la réaliser et ceux qui lui permettront d'en réaliser d'autres, La Presse et Radio-Canada nomment Christine Girard Personnalité de la semaine.

Un million de fois

Il était midi pour Christine Girard quand La Presse l'a jointe à Pékin, vendredi. Au bout du fil, l'athlète de Rouyn-Noranda est tout à fait sereine. Elle profite pleinement de son séjour à Pékin pour aller encourager d'autres athlètes de l'équipe canadienne.

Retour sur sa performance. Un total de 228 kg. Ç'aurait pu être un peu plus si elle n'avait pas trébuché sur son premier essai à 130 kg, à l'épaulé-jeté.

«Je reste fière de ma performance, je suis vraiment contente de la façon dont j'ai abordé la compétition, surtout à l'arraché, analyse-t-elle. Mais c'est sûr que j'ai imaginé et refait mon 130 kg au moins un million de fois dans ma tête. Je sais que je valais cette barre-là, donc c'est un peu plus décevant de savoir que je suis passée à côté d'une médaille pour une erreur technique.»

Mais, médaille ou pas, Christine Girard comprend très bien ce que représente son résultat olympique.

«Le bilan final est vraiment positif, dit-elle. C'est agréable de pouvoir dire que je suis de calibre international, que je suis de haut niveau. Je suis en compétition avec les autres, j'étais proche du podium et ça m'encourage beaucoup pour les quatre prochaines années.»

Un sport d'équipe

Puis, au fil de la conversation, Christine Girard nous fait comprendre que l'haltérophilie, c'est presque un sport d'équipe. «Quand on réalise une performance comme ça, on parle beaucoup de l'athlète et peu de l'entraîneur. Pourtant, l'entraîneur est extrêmement important.»

Dans son cas, c'est Yovan Fillion qui l'accompagne à Pékin.

«C'est Yovan qui m'a donné l'encadrement nécessaire pour que je devienne une athlète d'élite, explique Christine Girard. Quand nous nous sommes rencontrés, je faisais des compétitions internationales, mais je n'étais pas dans un cadre aussi sérieux. Il avait des connaissances très grandes sur l'activité physique. Yovan m'a montré à être une athlète.»

Si son entraîneur a montré à Christine Girard à être une athlète, sa famille lui a en quelque sorte montré à être haltérophile. Sa soeur Caroline lui a ouvert la voie, mais ses parents et ses deux autres soeurs étaient tous dans le sport. Et la longue route olympique, ils l'ont faite avec elle.

«J'ai eu un soutien exceptionnel et inconditionnel. J'ai beaucoup de chance d'avoir une famille comme celle-là. Ils m'ont soutenue, surtout dans les moments les plus difficiles, comme cette blessure à l'épaule.»

Londres et l'Abitibi

Cette blessure, c'était il y a deux ans, avant le championnat canadien. Il lui a fallu huit mois avant de pouvoir s'entraîner à nouveau normalement. L'épaule droite montre encore des signes de faiblesse.

Mais cet épisode n'a pas arrêté Christine Girard: «J'ai une détermination assez grande, dit-elle. Quand j'ai quelque chose en tête, j'arrive à l'atteindre.»

«Christine, c'est un phénomène de la nature, dit Yovan Fillion. C'est la femme la plus forte que j'ai jamais vue. Et elle a de l'orgueil au carré. Et ça en prend, dans ce sport.»

«Je suis une fille très exigeante, ajoute Christine Girard. Ce n'est pas toujours évident pour les gens autour de moi, mais ça me permet de repousser mes limites toujours un peu plus.»

Repousser ses limites, Christine Girard veut le faire dès les Jeux du Commonwealth, en 2010, où elle compte bien battre un record. Après, ce sera Londres, en 2012.

Mais avant toute chose, elle retrouvera «son Abitibi», auquel elle est si attachée. Même si elle apprécie Pékin, Christine Girard savait que le retour serait bon. «J'ai hâte de retrouver ma famille et les gens de la région, et de respirer le bon air de l'Abitibi.»