Les contrôleurs routiers réclament de Québec le pouvoir d'intervenir auprès des automobilistes fautifs afin d'améliorer le bilan de la sécurité routière et sauver des vies.

Plus de 300 contrôleurs patrouillent les routes du Québec. S'ils voient une voiture filer à 150 km sur l'autoroute ou un automobiliste brûler un feu rouge, ils ne bronchent pas. Leurs pouvoirs ont été suspendus en 2004, à la suite d'un avis juridique commandé par la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ).

Pourtant, ils peuvent intercepter les chauffeurs de camion, de taxi et d'autobus en infraction. Mais les conducteurs de véhicules de promenade s'en tirent à bon compte lorsqu'ils croisent une patrouille de contrôleurs.

«On voudrait intervenir davantage et sauver des vies, dit Yves Beaudoin, président de la Fraternité des constables du contrôle routier du Québec (FCCRQ). Le gouvernement se prive de 300 paires d'yeux», lance, exaspéré, un contrôleur routier qui préfère garder l'anonymat.

Le mandat premier de ces patrouilleurs, qui relèvent directement de la SAAQ, est le contrôle routier des véhicules lourds. Ce sont eux qui, par exemple, pèsent les camions pour s'assurer qu'ils ne soient pas surchargés.

Avant 2004, les contrôleurs routiers signalaient une infime partie des infractions. «Mais les gens savaient que l'on pouvait intervenir et cela faisait une différence», souligne M. Beaudoin.

Les contrôleurs remettaient en moyenne 300 constats d'infraction par année à des automobilistes. C'est peu, mais «la probabilité perçue d'être contrôlé joue pour beaucoup dans le comportement des automobilistes, croit le directeur du groupe de recherche en sécurité routière de l'Université Laval, Guy Paquette. Les ressources sont sous-utilisées», ajoute-t-il.

Opposition des policiers

L'Association des policières et des policiers provinciaux du Québec (APPQ) s'oppose fermement à l'idée de redonner des pouvoirs aux contrôleurs routiers. «Leur mandat est déjà assez lourd. Pourquoi veulent-ils plus de travail?» s'interroge le président de l'APPQ, Jean-Guy Dagenais.

Il estime par ailleurs que les contrôleurs routiers n'ont pas la formation adéquate pour intervenir auprès des automobilistes. «C'est un travail de policier», soutient M. Dagenais.

«On ne souhaite pas remplacer les policiers, réplique Yves Beaudoin. Ils ne veulent pas qu'on intervienne simplement parce que c'est leur chasse gardée.»

Faisant écho au premier ministre Jean Charest, qui a déclaré mercredi que davantage de policiers sur les routes n'amélioreraient pas le bilan routier, le ministère de la Sécurité publique a fait savoir hier qu'il n'est pas question d'étendre ce pouvoir à d'autres classes professionnelles.

La ministre des Transports du Québec, Julie Boulet, a pourtant mandaté un groupe de travail sur la question. Son rapport devrait être disponible avant la fin de 2008.