Un règlement municipal portant sur les gîtes touristiques, qui n'avait pas été dépoussiéré depuis des années, a pris du mordant hier soir, au conseil d'arrondissement de Ville-Marie. Les élus du centre-ville, avec le maire Benoit Labonté en tête, ont décidé d'imposer un moratoire sur leur nombre, et d'éventuellement se pencher sur ceux qui fonctionnent dans l'illégalité.

Une cinquantaine de gîtes touristiques ont présentement pignon sur rue dans Ville-Marie. L'arrondissement assure que leurs propriétaires conserveront «un droit acquis», et qu'il y en aura toujours un minimum de 25 sur le territoire, sauf que de nouveaux permis ne seront pas accordés.

Outre le moratoire, soumis à une consultation publique le 25 août prochain, le nouveau règlement prévoit d'obliger les propriétaires à vivre dans leur établissement. Les élus entendent aussi demander une dérogation au gouvernement afin de faire modifier la définition de Tourisme Québec stipulant qu'un gîte offre «de une à cinq chambres» dans une «résidence privée».

Chicane de clôture

De nombreuses plaintes d'un seul et unique citoyen du centre-ville, auprès des élus et de représentants gouvernementaux, sont à l'origine de la refonte du règlement. André Querry, voisin immédiat d'un gîte touristique de trois chambres rue de la Visitation, dans le quartier Centre-Sud, trouve «gênante» la présence de l'établissement qui donne sur son balcon arrière. Il est, de surcroît, déçu de la portée du nouveau règlement, qui sera soumis à deux autres approbations au cours de l'automne.

«C'est une victoire parce qu'il n'y en aura pas davantage, mais ce n'est pas assez, dit-il. Je pense que les gîtes touristiques devraient carrément devenir des établissements commerciaux, limités aux secteurs commerciaux. C'est la concentration des gîtes dans certaines rues résidentielles, comme Montcalm, qui pose problème. Il faut différencier un gîte d'une résidence touristique.»

Sa voisine, Madeleine Raymond, propriétaire du gîte le Painpignon, depuis 2004, parle pour sa part d'une «vengeance» à son égard. D'une chicane de clôture. Elle estime que les élus mènent la vie dure «pour rien» aux propriétaires de gîtes touristiques du centre-ville.

«Je ne suis pas en faveur du moratoire, explique-t-elle, parce qu'on limite une compétition, saine, qui oblige les propriétaires à rivaliser de qualité. Je pense que M. Querry mène une croisade contre moi uniquement pour faire fermer mon gîte. Mais il n'y arrivera pas. J'ai un permis en règle, valide à vie, un droit acquis, en plus de ma classification du Québec», ajoute Mme Raymond.

Le président de l'Association des résidants des Faubourgs de Montréal, François Robitaille, est d'accord pour dire que les gîtes touristiques situés dans les rues résidentielles ne posent pas problème.