Une entreprise de construction qui travaille pour le compte de la Ville de Montréal a envahi durant une semaine, et sans permission, une propriété de l'Association du camionnage du Québec (ACQ), déversant au passage un peu de goudron et des huiles usées qui ont endommagé la cour d'un immeuble à bureaux.

La série d'incidents est survenue en marge du réasphaltage de la rue Notre-Dame Ouest, il y a une dizaine de jours. La cour et le stationnement privés de l'immeuble de l'ACQ, situé au 6450, rue Notre-Dame Ouest, se sont transformés tour à tour en stationnement de chantier, en terrain de pique-nique, en cabinet d'aisance et en cour de triage pour surfaceuses de bitume endommagées.

«Incompétence»

Dans une mise en demeure de deux pages adressée mardi dernier à Claude Léger, directeur général de la Ville de Montréal, Marc Cadieux, PDG de l'ACQ, parle d'«inertie», d'«incompétence», d'«irresponsabilité» et même d'«arrogance» pour qualifier l'attitude des représentants de la Ville, qui n'ont pas réagi, malgré une première plainte.

«Ça a commencé (il y a deux semaines) avec une clôture, a dit M. Cadieux à La Presse. Je n'ai rien dit. Je veux bien collaborer. Après tout, on réasphaltait la rue devant chez nous, et ça ne dérangeait pas vraiment. Après, on a remarqué que des employés du chantier se garaient sur la propriété. Mais (à la fin de la semaine), quand les deux surfaceuses de bitume se sont retrouvées dans notre stationnement et que du goudron a été abandonné dans la cour, j'ai commencé à trouver que c'était trop.»

Il a porté plainte à la Ville de Montréal.

Liquides corrosifs

Au début de la semaine dernière, une des surfaceuses, endommagée, revient dans la cour, immédiatement suivie d'autres équipements lourds. Les liquides qui coulent des systèmes hydrauliques sont tellement corrosifs qu'ils grugent l'asphalte. Dans la cour de l'immeuble, une grande tache noire de 5 m sur 30 cm et les empreintes de nombreux véhicules, qui sont passés dedans et qui les ont répandues dans tout le stationnement, témoignent encore de la quantité des fluides vidangés.

Le lendemain, les véhicules des travailleurs de chantier occupent près de la moitié du stationnement privé. À l'heure du dîner, ils reviennent à leur voiture pour y pique-niquer en groupe. À l'occasion, des employés de l'ACQ voient des hommes qui urinent sur le bord de l'immeuble.

En fin d'après-midi, la mise en demeure de deux pages de l'ACQ est envoyée par courrier recommandé au bureau du directeur général de la Ville.

La Ville réagit

Mercredi dernier, un porte-parole de la Ville a communiqué avec La Presse pour assurer que les autorités municipales entreraient en contact avec le mandataire, la firme de construction DJL, pour «lui enjoindre de contacter l'ACQ, à propos des dommages causés et de leur réparation».