Pierre Huet-Napoléon joue de l'accordéon depuis 15 ans à la place Jacques-Cartier, dans le Vieux-Montréal. Cette année, le mois d'août s'ouvre sur une note difficile. «Mes revenus ont chuté de 40% comparativement à l'an dernier», déplore-t-il.

L'accordéoniste est l'un des 54 musiciens qui possèdent un permis pour jouer dans les rues de l'arrondissement de Ville-Marie cet été. Et son avis semble partagé dans le milieu: le temps maussade affecte grandement les revenus des artistes de rue.

«Cette année, il faut travailler trois fois plus fort pour faire la moitié moins», confirme Mick, musicien et amuseur public dans le Vieux-Montréal. Mick travaille 12 heures par jour, sept jours sur sept. «Je n'ai pas le choix», dit-il.

Les artistes de rue sont d'abord affectés par la baisse du nombre de touristes à Montréal. Cette année, la métropole prévoit en effet accueillir 50 000 voyageurs américains de moins que l'an dernier, selon Tourisme Montréal.

En plus, ils doivent constamment interrompre leurs prestations en cours de route, souligne le magicien Peter Snow. «Le week-end dernier, j'ai dû arrêter deux spectacles qui s'annonçaient formidables, déplore l'artiste de la place Jacques-Cartier. C'est décourageant.»

Les musiciens sont donc moins nombreux cet été à égayer les rues de Montréal. Hier après-midi, sous un ciel nuageux, La Presse n'a croisé aucun musicien dans les rues Saint-Denis et Prince-Arthur. «Habituellement, des musiciens viennent jouer les jours de semaine, affirme Mohammed Abbas, commerçant de la rue Prince-Arthur. Mais cette année, ils ne viennent que le week-end.»

Grégoire Dunlevy, président de l'Association des musiciens indépendants du métro, souligne que la moitié de ses 35 membres délaissent le métro pour jouer à l'extérieur pendant l'été. «C'est toujours plus difficile quand il pleut», conclut-il.