Le moment choisi par le gouvernement de Stephen Harper pour publier des rapports au contenu défavorable suscite des doutes sur la volonté de transparence des conservateurs.

Après avoir accédé au pouvoir en promettant un gouvernement propre et ouvert, les conservateurs ont plutôt recours à une tactique éprouvée: rendre publiques les nouvelles négatives au moment où elles sont le moins susceptibles d'attirer l'attention des médias.

Ainsi, jeudi et vendredi derniers, à la veille de ce qui était un long week-end de congé dans plusieurs provinces au pays, trois rapports importants ont été dévoilés en fin d'après-midi, obligeant l'opposition à faire des pieds et des mains pour y réagir. Le plus récent était celui des Affaires étrangères sur les documents du gouvernement égarés ou oubliés par l'ex-ministre des Affaires étrangères Maxime Bernier.

Pour le porte-parole libéral pour les affaires extérieures, Bob Rae, il s'agit là d'une tentative flagrante de contrôler la nouvelle, afin d'«enterrer» l'histoire et empêcher quiconque d'y réagir.

Selon Duff Conacher, du groupe Démocratie sous surveillance, le moment choisi pour rendre public le document - à 18 heures, un vendredi - montre que l'enquête sur l'affaire des documents de l'ex-ministre Bernier n'était pas indépendante, parce qu'un organisme indépendant n'aurait pas choisi de publier un rapport le vendredi à 18 heures. Son organisation a l'intention de porter plainte auprès du Bureau de l'intégrité de la fonction publique, une instance parlementaire chargée de s'occuper des irrégularités dans le secteur public.

Interrogé sur le moment choisi pour divulguer le rapport sur M. Bernier, le responsable des communications du premier ministre s'est refusé à tout commentaire. Le rapport en question donnait une liste d'agents de relations publiques disponibles pour fournir plus d'informations sur les conclusions, mais aucun n'était disponible vendredi soir. Aux Affaires étrangères, on a fait savoir par courriel, mardi, qu'on n'avait rien à ajouter.

L'autre document diffusé vendredi était un rapport sur les changements climatiques mettant en doute les déclarations conservatrices en matière de réduction des gaz à effet de serre. La veille, le ministère fédéral de la Santé avait divulgué en fin d'après-midi un rapport de 500 pages traitant des impacts inquiétants des changements climatiques sur la santé humaine.

Rita Smith, la directrice des communications du ministre de la Santé, a affirmé que le rapport avait dû être dévoilé en catastrophe parce que des informations avaient déjà commencé à circuler dans les médias.

Il y a quelques mois, le ministère des Ressources naturelles avait affiché une étude majeure sur les changements climatiques sur son site Internet après 17 heures, un vendredi - en dépit du fait qu'il avait payé 50 000 $ à une firme de relations publiques pour en faire la promotion.