Un avocat torontois qui pilote une demande de recours collectif au nom des victimes de la listériose a dit mardi avoir déjà reçu au-delà de 300 demandes d'information, tandis que le premier ministre du Canada, Stephen Harper, a parlé de l'importance de revoir le système d'inspection alimentaire au pays.

Me Tony Merchant a fait savoir que des documents avaient été déposés devant les tribunaux en Ontario et en Colombie-Britannique et que d'autres démarches semblables devaient être effectuées au Québec, en Saskatchewan, au Manitoba et en Alberta.

L'avocat torontois a affirmé qu'il était encore beaucoup trop tôt pour connaître le nombre de plaignants qui pourraient être impliqués dans un éventuel recours collectif.

Il a toutefois noté que la quantité d'appels reçus suggère que le nombre de victimes de l'éclosion pourrait être beaucoup plus élevé que les 29 cas officiellement recensés jusqu'ici. Six décès, tous en Ontario, ont été formellement attribués à la listériose, bien que la mort des neuf autres personnes dans cette province fait l'objet d'une enquête pour déterminer dans quelle mesure la bactérie a joué un rôle. En tout, 22 décès ont été recensés en Ontario, quatre en Colombie-Britannique, deux au Québec et un en Saskatchewan.

Maple Leaf a ordonné un rappel massif de produits contaminés provenant de l'une de ses usines de Toronto.

Stephen Harper a déclaré que l'éclosion de listériose au Canada démontrait de manière tragique l'importance de revoir le système d'inspection alimentaire au pays. Le premier ministre a réagi publiquement mardi pour la première fois depuis le début de la crise, offrant ses condoléances aux gens qui ont vu des êtres chers mourir ou tomber malade.

En Ontario, le ministre provincial de la Santé, David Caplan, a exprimé son inquiétude concernant des informations selon lesquelles les conservateurs fédéraux ont l'intention de permettre à l'industrie alimentaire de s'autoréglementer.

Un document classifié du cabinet fédéral qui a fait l'objet d'une fuite le mois dernier laisse entendre que les conservateurs prévoient remettre la responsabilité des inspections à l'industrie. Le gouvernement n'a pas confirmé ou nié les détails de ce plan.

L'éclosion démontre pourquoi Ottawa se doit d'agir, a simplement soutenu M. Harper, en conférence de presse à Ottawa. «Je crois que nous tous, incluant bien sûr ma propre famille, s'attendons à ce que les choses que l'on achète ou que l'on mange soient sécuritaires, a fait valoir le premier ministre. C'est un enjeu majeur. C'est pourquoi j'ai indiqué qu'il est nécessaire de réformer nos systèmes d'inspection.»

Le précédent gouvernement conservateur en Ontario, dont faisait partie l'actuel ministre fédéral de la Santé, Tony Clement, avait retiré les protocoles de sécurité du système provincial d'inspection de l'eau - un geste qui a contribué, selon une enquête judiciaire, à la crise de la bactérie E.coli à Walkerton qui avait causée la mort de sept personnes en mai 2000.

«Je veux m'assurer que nous puissions compter sur les filets de sécurité et de protection les plus sûrs, a affirmé le ministre ontarien de la Santé. Je craindrais toute proposition qui risquerait d'affaiblir les règles de sécurité de l'Ontario et du Canada.»

L'action de Maple Leaf a chuté, mardi, clôturant en baisse de 81 cents, à 7,99$, un déclin de plus de neuf pour cent, après avoir perdu environ dix pour cent de sa valeur sur les marchés lundi.