L'un des trois sommets du mont Royal est utilisé comme «dépotoir» par le cimetière Notre-Dame-des-Neiges. Garages, dépôt à ordures et machineries trônent sur l'un des plus beaux terrains de la montagne, qui pourrait devenir une attraction touristique s'il était mis en valeur.

C'est du moins ce que croit Alain Tremblay, directeur de l'Écomusée de l'Au-delà, un organisme voué à la préservation du patrimoine funéraire du Québec.

«Au lieu de mettre en valeur un des plus beaux terrains de Montréal, on en fait un dépotoir, s'insurge-t-il. Ce serait un endroit idéal pour installer une plateforme d'observation. Ça pourrait être une attraction touristique qui serait très facile d'accès en métro.»

Le «dépôt technique», comme l'appelle l'administration de la nécropole, surplombe la station Édouard-Montpetit. Au loin, on aperçoit l'oratoire Saint-Joseph.

Le mont Royal a trois sommets. Le dépôt technique est situé sur le sommet nord, à la frontière de trois grandes institutions de la montagne: l'Université de Montréal, le cimetière Mont-Royal et le cimetière Notre-Dame-des-Neiges.

Depuis 15 ans, la directrice des Amis de la montagne, Sylvie Guilbault, milite pour que le terrain soit accessible au public. «C'est un terrain extraordinaire. En 1992, une des recommandations des consultations publiques sur le mont Royal était de mettre en valeur le sommet nord.»

Une nouvelle consultation sur le mont Royal a commencé au mois de mars. Ses conclusions devraient être rendues publiques dans les prochaines semaines. M. Tremblay déplore que le cimetière n'ait pas attendu ce rapport avant d'aménager son dépôt. «Un sommet, c'est symbolique, dit-il. La Ville organise une table de concertation, mais tout se décide en coulisse.»

Le directeur du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, Yoland Tremblay, affirme que les participants de la dernière consultation n'ont pas proposé de construire un belvédère sur le sommet nord. «Ça fait 50 ans que cette zone existe. De plus, c'est quand même notre propriété.»

Il ajoute que 250 arbres ont été plantés pour masquer les nouvelles constructions. Une condition de la Ville de Montréal pour avoir le droit d'installer le dépôt au sommet. «Au printemps, nous avons lancé un plan vert dans le cimetière. De plus, l'endroit est fait en cuvette, on ne le voit presque pas», dit Yoland Tremblay.

Le directeur soutient qu'il n'a pas le choix de posséder un endroit pour déposer les rebuts et l'équipement. Le terrain est le seul dont il dispose. «Nous avons souvent des surplus de terre, dit-il. On n'a pas le droit de les sortir du cimetière puisqu'ils peuvent contenir des ossements. Nous avons aussi des tracteurs et des camions à entreposer.»

Le parc du Mont-Royal est considéré comme un arrondissement historique et naturel par le ministère de la Culture et des Communications. Selon le directeur général du patrimoine, de la muséologie et des immobilisations, Denis Delangie, la demande de permis a été faite en 2006, bien avant le début de la consultation.

L'an dernier, l'Université de Montréal avait été contrainte de déménager son dépôt d'ordures situé à quelques mètres d'un sentier pédestre sur le mont Royal. Alain Tremblay déplore le fait que les institutions ne se regroupent pas pour partager une zone de dépôt commune, loin du sommet. «L'endroit est complètement incompris, dit-il. Chacune traite le sommet nord comme son fond de cour. Un réflexe rural.»