Certains experts croient que les Canadiens, et plus particulièrement ceux qui vivent dans de petites communautés, jouent aux dés lorsqu'ils boivent l'eau de leurs robinets.

Harry Swain, qui a présidé au comité consultatif de recherche pour l'enquête de Walkerton, affirme que l'eau dans les grandes villes canadiennes est de bonne qualité, mais que la difficulté à assurer une eau potable de qualité découle du fait qu'il faille un minimum de connaissances en microbiologie et de savoir-faire en ingénierie ainsi qu'une infrastructure adéquate.

Et pour cela, poursuit-il, il faut un bassin de consommateurs suffisant pour avoir les moyens de se payer ce type de services de haute qualité.

En mai dernier, le Journal de l'Association Médicale Canadienne avait indiqué qu'il y avait 1760 avis d'ébullition de l'eau à travers le Canada, excluant celles pour 93 collectivités des Premières Nations.

Selon Harry Swain, également directeur de l'Institut canadien d'études climatiques et associé de recherche au Centre d'études mondiales de l'Université de Victoria, entre 80 et 90 pour cent des installations de traitement des eaux de l'Ontario sont trop petites pour être vraiment sécuritaires et efficaces. La situation en Colombie-Britannique serait, selon lui, encore pire.

«L'Ontario est le parangon de la salubrité comparativement à la Colombie-Britannique où il y a un tiers de la population et 4000 fournisseurs d'eau», a-t-il expliqué lors d'une entrevue avec La Presse Canadienne.

Mais même les plus sophistiqués des systèmes de traitement des eaux sont impuissants lorsqu'il faut éliminer les pesticides, les produits pharmaceutiques, les antibiotiques et les hormones.

Alice Hontela, de la Chaire de recherche du Canada en écotoxicologie de l'Université Lethbridge, en Alberta, ajoute que les approvisionnements en eau peuvent facilement être contaminés avec, par exemple, les eaux de ruissellement provenant des fermes d'élevage intensives.

Certains de ces polluants, tels que les produits pharmaceutiques et les pesticides, peuvent avoir des effets très néfastes sur le système de reproduction humain.

Selon elle, les Canadiens sont naïfs s'ils tiennent pour acquis que les systèmes de traitement des eaux parviendront à éliminer toutes les substances nocives.

Harry Swain, pour sa part, abonde dans le sens d'Alice Hontela et admet que même les installations de traitement des eaux à la fine pointe de la technologie ne sont pas à la hauteur.