Fort de l'accueil réservé à son «Tournant vert» Stéphane Dion jongle avec l'idée de provoquer des élections générales cet automne, mais il refuse de prendre une décision précipitée parce qu'il croit que le prochain scrutin sera déterminant pour l'avenir de toute une génération de Canadiens.

En entrevue à la Presse Canadienne vendredi, le chef de l'opposition officielle a expliqué qu'à son avis, la couleur du prochain gouvernement fédéral marquerait non seulement les quatre prochaines années, mais aussi l'orientation du pays pour les quatre décennies qui suivront.

Il juge essentiel de bien choisir le moment du vote, afin que le plus grand nombre possible de Canadiens puissent suivre le débat sur les enjeux de l'heure - dont l'économie et l'environnement - dès les premiers jours de la campagne.

Il affirme d'ailleurs que c'est pour éviter un scrutin estival peu suivi par la population qu'il a évité de provoquer la chute du gouvernement au printemps, malgré leurs profonds désaccords sur la politique d'immigration et la fiscalité, entre autres.

«Il est très important que les Canadiens puissent se concentrer sur cette élection dès son début. Qu'ils se disent: » il ne faut pas rater notre coup, il faut bien choisir». Je ne crois pas que ça aurait été optimal qu'on nous demande de faire ça au milieu de l'été», a-t-il fait valoir.

En vertu d'une loi adoptée par les conservateurs, les prochaines élections générales auront lieu en octobre 2009, à moins que les partis d'opposition unissent leurs forces pour défaire l'équipe Harper plus tôt.

Certains commentateurs affirment que les libéraux auraient tort d'attendre trop longtemps avant de partir en campagne, s'ils veulent profiter de l'intérêt des électeurs pour leur ambitieux plan vert.

Mais Stéphane Dion ne semble pas craindre de gaspiller sa principale arme en prenant son temps. Il soutient que sa politique dévoilée en grande pompe à la fin de juin demeurera pertinente, quel que soit le moment du vote.

«C'est une bonne politique. Il n'est jamais trop tard pour la mettre en oeuvre.

ECa sera peut-être cette année, ça sera peut-être l'an prochain. Il faudra la mettre en oeuvre», a-t-il insisté.

Depuis le début de l'été, M. Dion fait la tournée du Canada pour discuter de sa politique environnementale qui prévoit notamment l'imposition d'une taxe sur les émissions de gaz à effet de serre, combinée à des réductions d'impôt pour les particuliers.

Il est déjà allé en Alberta, dans les provinces de l'Atlantique et en Ontario où il a accordé plus de 100 entrevues. Il prévoit rencontrer les Québécois pour en débattre au cours du mois d'août.

Jusqu'à maintenant, les conservateurs ont refusé de débattre du contenu du «Tournant vert». Le premier ministre Stephen Harper s'est limité à dire - avec des mots très crus- que le plan était «fou» et qu'il allait être néfaste pour tous les Canadiens.

Les libéraux soupçonnent leurs adversaires d'être mus par la panique. Pour sa part, Stéphane Dion se dit très fier de travailler «sans filet», de répondre directement et spontanément aux questions du public, sans que les interventions aient été filtrées.

En procédant de cette manière, Stéphane Dion s'expose à la critique. Les agriculteurs et les routiers se sont publiquement opposés à l'idée d'une taxe sur le diesel, qui hausserait leurs frais d'exploitation.

Le chef de l'opposition dit «être à l'écoute» des citoyens, mais on sent qu'il n'est pas très ouvert à l'idée de modifier des pans de son plan pour satisfaire certains groupes d'électeurs. «Il faut s'assurer que le changement viennent plus vite au Canada que dans nos pays concurrents», a-t-il martelé.