Au moment même où le Canada réoriente sa stratégie en Afghanistan pour favoriser le développement du pays, le meurtre de trois travailleuses humanitaires remet en question la capacité de ces organisations à travailler dans un pays qui n'offre toujours pas la sécurité essentielle.

La communauté des secours humanitaires a été ébranlée, en Afghanistan, au lendemain de la mort d'un chauffeur et de trois travailleuses humanitaires, dont les Canadiennes Shirley Case et Jacqueline Kirk, qui ont été abattus lors d'une embuscade talibane à Kaboul, mercredi.

Leur employeur, le Comité international de secours de New York, a annoncé qu'il suspendait toutes ses activités en Afghanistan, pendant une période indéterminée. L'organisation non gouvernementale (ONG) y est présente depuis 20 ans.

Le chargé d'affaires de l'ambassade du Canada à Kaboul, Ron Hoffman, a affirmé que l'attaque était «choquante» et «hors de l'ordinaire».

Il a toutefois ajouté que l'incident avait eu peu d'effet sur les plus de 200 ONG présentes en Afghanistan et les centaines de Canadiens qui travaillent au pays.

«Nous n'avons pas vu beaucoup d'attaques du genre au cours des dernières années», a indiqué M. Hoffman.

Les talibans ont revendiqué l'attaque, soutenant avoir visé des «forces d'invasion étrangère». Les autorités canadiennes et afghanes font néanmoins enquête, selon M. Hoffman.

Le chargé d'affaires à l'ambassade a soulevé l'hypothèse que l'attentat ait été perpétré en réaction au gouvernement d'Hamid Karzaï, qui est de plus en plus fort.

«Plusieurs personnes estiment que le soulèvement se fait en réaction, dans une certaine mesure, au progrès que vit le pays et au fait qu'ils n'ont pas réussi à empêcher ce progrès», a-t-il expliqué.

Les insurgés talibans, qui cherchent à attaquer des organisations qui appuient le gouvernement, ont favorisé jusqu'ici des cibles comme des camions-citerne et des véhicules du Programme alimentaire mondial de l'ONU.

Mais des spécialistes du développement ont indiqué que le Comité international de secours était une agence «neutre», qui est prête à apporter son aide sans se soucier de la personne qui est au pouvoir.

Selon l'ANSO, un groupe de sécurité qui travaille avec les organisations humanitaires en Afghanistan, les attaques contre les travailleurs humanitaires au pays ont augmenté cette année. Vingt-trois travailleurs humanitaires sont déjà morts depuis le début de 2008, alors que 15 personnes ont péri au cours de toute l'année 2007.

Malgré la sécurité précaire du pays - deux soldats canadiens sont également morts au cours de la dernière semaine - favoriser le développement en Afghanistan demeure une pierre angulaire de la stratégie de retrait militaire du Canada en 2011.

Des membres du ministère des Affaires étrangères, de l'Agence canadienne de développement international, de la Gendarmerie royale du Canada et des Services correctionnels du Canada comptent parmi les civils qui travaillent en Afghanistan.

Le Canada a augmenté le financement du développement du pays de 179 millions $ en 2006-2007 à 290 millions $ en 2008-2009. La province de Kandahar, dont le Canada est responsable en tant que membre de la Force internationale d'assistance à la sécurité de l'ONU, récolte la moitié de ces fonds.