Le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs a suivi pendant toute la journée d'hier le comportement de la marée rouge provoquée par le déversement de Rio Tinto Alcan en plus d'entreprendre une enquête sur les raisons de ce second déversement à survenir depuis avril 2007.

Le directeur de la direction régionale du Centre de contrôle environnemental et des urgences, Daniel Labrecque, certifie que le présent déversement n'a pas la même ampleur que celui du printemps 2007. Les résidus de boues rouges ont été déversés pendant approximativement une heure sur le sol et dans les fossés d'égouttement.

"Selon nos évaluations, on pense qu'il y a eu un déversement de 100 mètres cubes de boues rouges. Le déversement a provoqué une bande rouge sur la rive sud du Saguenay. Nos employés ont patrouillé la rivière pendant toute la journée et n'ont trouvé aucun poisson ou animal aquatique mort", a déclaré Daniel Labrecque.

Ce dernier ne minimise pas les dangers reliés au produit déversé dans le Saguenay. Il s'agit d'un résidu industriel alcalin abrasif. Dans le présent cas cependant, l'impact sur le milieu aquatique peut est grandement diminué. La soude caustique subit une première dilution quand elle touche au sol et une seconde dans le ruisseau du Capitaine et finalement une troisième dans le Saguenay.

Toujours selon les explications fournies par Daniel Labrecque, les quantités d'eau qui s'écoulent dans le Saguenay permettent une dilution qui rend la concentration beaucoup moins nocive pour le milieu aquatique. C'est ce qui explique que malgré les dizaines de tonnes métriques déversées en avril dernier, personne n'a signalé de poissons ou d'animaux aquatiques morts en bordure de la rivière.

Quant aux causes du déversement, le directeur régional préfère attendre les résultats de l'enquête. Le ministère, dit-il, doit comprendre toute la situation pour déterminer si l'entreprise a ou non fait preuve de négligence dans la gestion de ses systèmes.

M. Labrecque, tout comme la porte-parole de Rio Tinto Alcan, n'a pas voulu s'éterniser sur les recommandations faites au Procureur général du Québec en lien avec le premier déversement de boues rouges. Il a simplement signalé que si le dossier était rendu devant les instances judiciaires, c'est qu'il y avait nécessairement des améliorations à apporter au système. Ces propos confirment que de l'avis du ministère, Rio Tinto Alcan se trouvait en situation potentielle d'infraction en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement du Québec.

Les propos de la porte-parole d'Alcan et du responsable du ministère confirment qu'il y a un différend important par rapport aux améliorations apportées par la multinationale suite au premier déversement.

Personne n'a ainsi été en mesure d'expliquer pourquoi, après le déversement d'avril 2007, aucune solution n'a été apportée pour capter les boues rouges avant qu'elles n'atteignent le ruisseau du Capitaine quand un problème survient dans le système de conduites qui relie l'usine Vaudreuil et le site de disposition des boues rouges.

Les fonctionnaires du ministère reprennent donc la même procédure qu'au printemps 2007 avec une investigation qui permettra de reconstituer tout le scénario du déversement. C'est au terme de cette enquête qu'une décision sera prise par rapport aux éventuelles poursuites pénales contre le géant de l'aluminium.