La rencontre annuelle des ministres de l'Agriculture du pays s'est conclue vendredi par le dévoilement attendu des grandes orientations de la politique fédérale agricole.

Ce cadre stratégique, qui donne le signal de départ aux négociations d'ententes bilatérales entre Ottawa et les provinces, prévoit l'injection de 1,3 milliard $ sur cinq ans, soit 300 millions $ de plus que ce qui avait été investi dans la précédente politique quinquennale.

Le ministre fédéral de l'Agriculture, Gerry Ritz, a déclaré qu'Ottawa était responsable de 60 pour cent de ces investissements, tandis que les provinces injecteront 40 pour cent des sommes pour ce secteur d'activité.

«Ces sommes vont doter les producteurs agricoles de programmes améliorés pour la recherche scientifique et le développement de leurs activités, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Nous allons aussi investir ces sommes dans des secteurs prioritaires tels que la sécurité alimentaire et l'environnement.»

M. Ritz a affirmé que la politique a notamment pour objectif d'améliorer la flexibilité des règles permettant aux agriculteurs des différentes provinces d'accéder aux fonds en fonction de leurs besoins spécifiques.

Il a toutefois reconnu que les dispositions à cet égard n'allaient pas aussi loin que les demandes de la Fédération canadienne de l'agriculture mais qu'elles constituent un début.

«Ces mesures amorcent une transition vers une plus grande flexibilité dans notre façon de concevoir les programmes en fonction des régions», a dit le ministre fédéral.

L'accord porte sur l'environnement, l'innovation, les services-conseil, la salubrité, la traçabilité et l'identification des produits canadiens, a indiqué le ministre québécois de l'Agriculture, Laurent Lessard, qui coprésidait la rencontre avec M. Ritz.

Selon M. Lessard, le cadre stratégique fédéral se distingue par la flexibilité qu'il permet aux provinces dans l'élaboration d'initiatives.

«Nous avons des agricultures différentes, en fonction de nos sols, en fonction de notre positionnement à travers le Canada, de nos températures plus nordiques, comme au Québec par exemple», a dit M. Lessard.

La politique, intitulée Cultivons l'avenir, ne prévoit pas pour le moment d'élargir les régimes de compensation aux éleveurs de bétail.

«Nous aimerions y parvenir le plus rapidement possible, a dit M. Ritz. Il y a certainement des occasions à saisir puisque le secteur évolue pour répondre à la demande du marché. Tout ce que je peux dire, c'est que le travail se poursuit.»

Les négociations bilatérales se sont amorcées dès vendredi, entre Ottawa et les provinces. L'objectif est d'élaborer des programmes d'ici le 1er avril 2009.

D'autre part, au cours de la rencontre pancanadienne, qui s'est amorcée à Québec mercredi, les ministres des provinces ne sont pas parvenus à un consensus concernant l'harmonisation des échanges commerciaux à l'intérieur du pays.

M. Lessard a affirmé que les pourparlers pour modifier certains aspects de l'Accord de commerce intérieur (ACI) allaient se poursuivre et que l'objectif était de parvenir à une entente sur le volet du commerce agricole d'ici l'automne.

«On s'est tous entendus pour qu'il y ait des précisions sur les textes juridiques pour refléter les préoccupations qui ont été soulevées de part et d'autre à travers le Canada», a-t-il dit.

Cette semaine, des groupes de producteurs agricoles et de consommateurs ont exprimé des craintes concernant la possibilité que l'ACI ouvre la porte à la contestation de règles provinciales garantissant la spécificité de certains produits au Québec.

«On les a écoutés, on regarde si les textes juridiques correspondent à ces appréhensions et s'il y a lieu on va préciser», a affirmé M. Lessard vendredi.

Selon le ministre, une entente de principe sur le renouvellement de l'ACI, qui porte sur plusieurs autres aspects que l'agriculture, ne sera pas possible la semaine prochaine lors de la rencontre des premiers ministres des provinces dans le cadre du Conseil de la fédération.

«Les travaux ne sont pas finis, a dit M. Lessard. Moi on me demande de finaliser.»