François Legault a dû s'expliquer devant les députés péquistes après avoir plongé le parti dans l'embarras en tenant mercredi des propos discordants sur la souveraineté.

Le député de Rousseau avait indiqué aux journalistes, à son arrivée au caucus à Bécancour, que le parti devrait mettre son option de côté à court terme en raison du cynisme de la population à l'égard de la classe politique.

Le whip du PQ, Stéphane Bédard, s'est dit satisfait de ses explications, jeudi, ajoutant que M. Legault se rallie à la position du parti quant à la nécessaire promotion de la souveraineté.

«Devant le caucus, il s'est expliqué quant à ses propos et ce que j'ai entendu me convient très bien», a soutenu celui qui est chargé de la discipline au sein du parti.

«Il a réaffirmé ce que tout le monde sait au Parti québécois: c'est que nous sommes là pour faire la promotion de la souveraineté et le projet souverainiste est on ne peut plus pertinent», a dit M. Bédard, cherchant à évacuer une possible divergence de vue entre le parti et le député Legault.

M. Legault avait pourtant déclaré mercredi «qu'il n'y a pas d'ouverture pour la présentation d'un projet collectif», plaidant plutôt pour un plan de bon gouvernement, et il a brièvement signifié jeudi qu'il ne regrettait pas ses propos.

Puis, en entrevue à la radio de Radio-Canada, il a maintenu que le PQ devrait d'abord chercher à convaincre les Québécois qu'il offre des solutions valables aux problèmes de la société.

«Je sais que c'est un grand débat au PQ de parler de gouvernance, mais il faut être capable de proposer des solutions pour gérer plus efficacement les services qu'on donne déjà à la population, avant de lui demander d'avoir un État à nous», a-t-il déclaré.

Au terme de la réunion, la chef Pauline Marois a dit souhaiter que la commotion autour de la sortie publique du député ne contribue pas justement à alimenter le cynisme qu'il déplore.

Elle a annoncé qu'elle lui avait confié la tâche de piloter un groupe de travail dont l'objectif sera de rétablir une relation de confiance entre l'État et les citoyens.

Selon elle, les députés du PQ constatent qu'il est parfois difficile de faire valoir certains projets, mais ils ne perçoivent pas le cynisme de la population comme un obstacle insurmontable.

«Il n'y a pas selon nous une barrière infranchissable. Il y a des efforts à faire, alors peut-être que lui trouve que les efforts sont plus grands», a-t-elle dit, après avoir précisé que M. Legault avait le droit de défendre son point de vue.

Mme Marois a répété que le PQ présentera un manifeste pour la souveraineté en octobre, afin de moderniser l'option et en relancer la promotion.

Elle compte notamment rejoindre la jeune génération, qu'elle souhaiterait mobiliser derrière le projet.

Plus tôt en journée, les députés, mal-à-l'aise, ont refusé de commenter l'impact de la sortie de François Legault, à l'exception du leader parlementaire François Gendron.

«Je n'ai entendu personne au caucus qui aurait laissé croire que ce n'était pas nécessaire de faire la promotion de la souveraineté», a-t-il martelé, ajoutant «qu'il n'est pas question de mettre ça au frigo».

Le vétéran député a toutefois évité de juger le comportement de son collègue, qui a monopolisé l'attention médiatique au caucus mercredi.

La députée Rita Dionne-Marsolais, pour sa part, a qualifié de «ridicule» l'insistance des journalistes à ce sujet.