Situation pour le moins étrange alors que l'une des trois adolescentes présumément contrainte par un couple de proxénète à se livrer à la prostitution, est accusée au Tribunal de la Jeunesse, d'avoir collaboré au fonctionnement du réseau que dirigeait Laura Emerson.

Situation pour le moins étrange alors que l'une des trois adolescentes présumément contrainte par un couple de proxénète à se livrer à la prostitution, est accusée au Tribunal de la Jeunesse, d'avoir collaboré au fonctionnement du réseau que dirigeait Laura Emerson.

LeDroit a obtenu ces informations à l'occasion de l'enquête sur remise en liberté de l'adolescente de 17 ans qui s'est présentée devant le juge Michel Séguin.

L'adolescente fait face à plus d'une douzaine d'accusations reliées à la prostitution, au vol et à des bris d'engagement.

Même si les initiales de l'adolescente apparaissent dans le libellé des plaintes déposées à l'encontre de Laura Emerson et Gordon Kingsbury, la même jeune fille agissait, selon la preuve entendue hier, comme bras droit de Mme Emerson notamment au niveau du recrutement de jeunes filles, du moins deux d'entre elles selon la preuve, qui ont été séquestrées à l'appartement du boulevard taché où elles étaient battues et forcées à consommer du crack en plus de se livrer à la prostitution.

La preuve étalée hier, mentionne que la jeune accusée-victime a recruté au moins deux jeunes filles au Young Women Shelter d'Ottawa pour ensuite les présenter à Laura Emerson. Elles ont été gardées de force à l'appartement 203 du 232 Taché à Gatineau.

Selon les déclarations recueillies par les enquêteurs auprès des deux jeunes filles, la troisième présumée victime travaillait de pair avec Mme Emerson et son conjoint, M. Kingsbury puisqu'à plusieurs occasions c'est elle qui collectait l'argent des clients. La jeune fille surveillait aussi les deux jeunes prostituées en attendant dans une chambre à côté de celle où les adolescentes avaient des relations sexuelles avec les clients dans un édifice à condos du centre-ville de Gatineau près du boulevard des Allumettières.

Selon l'enquêteur Stéphane Lizotte de l'Escouade anti-gang de la police de Gatineau, qui prenait à témoin les déclarations des deux adolescentes, la jeune accusée de 17 ans assurait aussi, dans un certain sens, la discipline pour Mme Emerson.

Le policier a indiqué qu'une des deux jeunes prostituées a été battue si sévèrement par la victime-accusée qu'elle était méconnaissable. Elle a donc été gardée à l'écart de la rue pendant neuf jours passés attachée par terre avec des fils de téléphone dans un logement du centre-ville, surveillée en permanence par Mme Emerson et la jeune adolescente.

Une autre jeune fille a indiqué que la prostitution lui permettait des revenus de 1000 $ à 2 000 $ par jour, argent qui était remis à Mme Emerson en retour d'un peu de nourriture et une roche de crack.

Le policier Lizotte a indiqué que lors de l'interrogatoire qui a suivi les arrestations du début du mois, l'adolescente a tenté de se déculpabiliser en se faisant passer davantage comme victime qui craignait Laura Emerson.

Le policier ajoute que lors de l'entrevue vidéo, l'adolescente arbore une sincérité douteuse, pleurant à chaudes larmes pour ensuite parler tout à fait normalement la minute suivante.

rbouchard@ledroit.com