La décision des conservateurs de nommer deux membres du cabinet au comité consultatif chargé de passer au crible les candidatures à la Cour suprême du Canada pourrait compromettre l'indépendance du processus de sélection, selon des députés de l'opposition.

Le ministre des Travaux publics, Christian Paradis, et Diane Ablonczy, secrétaire d'État à la petite entreprise, ont été choisis comme représentants des conservateurs au comité de cinq membres qui tiendra sa première réunion mardi.

Mais pour le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique, des gens qui doivent leur poste au premier ministre Stephen Harper ne devraient avoir aucun rôle à jouer dans les délibérations. On peut soupçonner qu'ils ne fourniront pas un avis réellement indépendant, a déclaré le porte-parole néo-démocrate pour la justice, Joe Comartin.

M. Comartin a une autre raison de s'opposer à M. Paradis. Ce dernier est l'un des 67 candidats conservateurs dont les noms ont été mentionnés en relation avec la controverse qui entoure les dépenses électorales du Parti conservateur, qui font actuellement l'objet d'une enquête de la part d'un autre comité des Communes, et d'Élections Canada.

Pour Réal Ménard, porte-parole du Bloc en matière de justice, il s'agit d'une question de principe. Il faut respecter la séparation entre le pouvoir judiciaire et le gouvernement, insiste-t-il. M. Ménard compte déposer une motion, mardi, appelant les conservateurs à nommer deux autres représentants au comité.

Il n'a pas été possible d'obtenir les commentaires du membre libéral du comité, Dominic LeBlanc. Mais celui-ci devait rencontrer ses homologues du NPD et du Bloc, mardi, pour tenter d'élaborer une stratégie commune.

Les conservateurs, de leur côté, maintiennent qu'ils ont le droit de nommer qui ils veulent au comité. Selon le ministre de la Justice, Rob Nicholson, il n'est pas question d'accorder un droit de veto au Bloc ou au NPD là-dessus.

L'enjeu est le choix du juge qui remplacera Michel Bastarache, du Nouveau-Brunswick, qui souffre de problèmes cardiaques et a quitté son poste en juin dernier.

En vertu de la Constitution, les nominations au plus haut tribunal du pays sont la responsabilité du premier ministre. Mais le précédent gouvernement libéral avait mis sur pied un comité d'examen des candidatures pour l'aider à combler un poste alors vacant. Ce comité avait proposé trois candidats juste avant les élections de 2006. M. Harper a hérité de la liste à son arrivée au pouvoir, et choisi le juge Marshall Rothstein, un autochtone manitobain considéré comme modérément à droite.

M. Nicholson a annoncé au printemps dernier que les conservateurs créeraient un autre comité consultatif pour combler le poste du juge Bastarache, mais ils ont limité les membres du comité aux députés.

Les trois partis d'opposition demandent par ailleurs aux conservateurs de s'assurer que le nouveau juge soit parfaitement bilingue. Le juge Bastarache était connu pour sa défense des droits des minorités linguistiques.