Il y a 10 ans récemment, l'Outaouais perdait un de ses bâtisseurs. Gilles Rocheleau, homme de convictions et politicien coloré, mourrait des suites d'un cancer à l'âge de 62 ans. Son engagement pour l'ex-Ville de Hull et pour ses concitoyens de Hull-Aylmer aura été, jusqu'à ses derniers moments, le coeur de ses pensées et de ses espoirs.

Il y a 10 ans récemment, l'Outaouais perdait un de ses bâtisseurs. Gilles Rocheleau, homme de convictions et politicien coloré, mourrait des suites d'un cancer à l'âge de 62 ans. Son engagement pour l'ex-Ville de Hull et pour ses concitoyens de Hull-Aylmer aura été, jusqu'à ses derniers moments, le coeur de ses pensées et de ses espoirs.

Je ne suis pas de ceux qui ont connu personnellement l'homme. J'appartiens à cette génération qui ne connaîtra Gilles Rocheleau qu'à travers les institutions qu'il a su construire ainsi que par les anecdotes de ceux qui l'ont côtoyé. De la Ville de Hull où il fut élu comme conseiller municipal et comme maire, jusqu'à l'Assemblée nationale du Québec où il fut député libéral et ministre, sa présence n'a jamais laissé personne indifférent. Il a su défendre ses dossiers avec intégrité et avec son franc parlé.

Puis, il devint député libéral de Hull-Aylmer à la Chambre des Communes en 1988. Fédéraliste convaincu, fervent adversaire des indépendantistes, c'est avec appréhension qu'il assista aux épisodes de négociations constitutionnelles.

L'échec de l'accord du lac Meech ainsi que l'élection de Jean Chrétien à la direction du Parti libéral eurent raison de sa foi en l'idée d'un fédéralisme qui reconnaîtrait constitutionnellement le Québec comme société distincte.

Sa conversion à la cause souverainiste en a surpris plus d'un à l'époque, mais après réflexion, elle s'inscrivait en toute logique dans le parcours de Gilles Rocheleau. Cet inconditionnel de l'Outaouais aura probablement réalisé à quel point l'indépendance du Québec ne constituait pas tant une menace pour la région, mais bien une occasion de réaliser tout notre potentiel en sortant de l'ombre d'Ottawa.

Sa campagne de 1993 constitue une importante étape de mon propre cheminement politique. J'étais alors un enfant dont la famille participait à sa première campagne électorale. Quand il fut déclaré défait, malgré l'extraordinaire victoire du Bloc Québécois à travers le Québec, nous étions déçus de ne pas voir Gilles Rocheleau demeurer notre député à la Chambre des Communes.

Pour qu'il évolue, un peuple doit pouvoir compter sur des modèles qui transmettront leurs valeurs de génération en génération.

Pour ma part, cet homme demeurera toujours une grande source d'inspiration et je sais qu'il le restera aussi pour toute la région.