La toute nouvelle stratégie de lutte aux changements climatiques, qui a obtenu l'appui du premier ministre Stephen Harper et d'autres leaders du G-8, a été froidement accueillie, mercredi, par les principaux pays émergents, qui en ont dénoncé certaines parties, tandis que le plus haut responsable du dossier climatique à l'ONU qualifiait les objectifs du G-8 d'insignifiants.

Les leaders du Groupe des huit pays industrialisés ont quitté Rusutsu, au Japon en clamant que leur appel à la réduction de moitié les émissions mondiales de gaz à effet de serre d'ici 2050 constituait une percée majeure dans le dossier de la lutte aux changements climatiques.

Et les leaders du G-8 ont invité leurs homologues des pays en développement à des pourparlers en marge du sujet, mais la séance a mis en évidence un fossé entre eux, les pays émergents s'étant rebiffés devant les objectifs quantitatifs

endossés par le G-8.

Cette division laisse présager une épreuve de force l'an prochain à Copenhague, au Danemark, où aura lieu une ronde de pourparlers des Nations unies sur les changements climatiques.

M. Harper a déclaré mercredi que les pays en voie de développement devront inévitablement faire davantage d'efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

En conférence de presse sur l'île japonaise d'Hokkaïdo, il a soutenu qu'en 2050, les pays développés ne seront probablement plus responsables que de 20 pour cent des émissions globales. Les économies émergentes devront donc faire leur part pour que les niveaux de carbone puissent être abaissés de moitié d'ici 2050, selon lui. «Ce n'est pas une position philosophique, mais bien une certitude mathématique», a-t-il dit.

Cela ne veut pas nécessairement dire que les grandes économies émergentes comme la Chine et l'Inde devront réduire leurs émissions; ces pays pourraient s'en tirer en diminuant le rythme auquel elles progressent, a-t-il ajouté.

À l'heure actuelle, les huit pays les plus développés sont responsables de 80 pour cent des émissions de dioxyde de carbone et d'autres gaz à effet de serre dans l'atmosphère.

Les cinq principaux pays en voie de développement, la Chine, l'Inde, le Brésil, le Mexique et l'Afrique du Sud, qui se surnomment le G-5, ont rejeté l'idée qu'ils devraient tous participer à l'effort de réduction de 50 pour cent. Dans un communiqué distinct, ils ont invité les leaders du G-8 à «prendre le leadership» des efforts en vue d'atteindre «des objectifs ambitieux de réduction absolue des émissions».

Seules quelques-unes des puissances en émergence - l'Indonésie, l'Australie et la Corée du Sud - ont appuyé la cible de réduction de 50 pour cent d'ici 2050.

Critique, Yvo de Boer, qui est à la tête des négociations des Nations unies pour élaborer un nouveau traité sur les changements climatiques, a soutenu que cette cible ne mentionnait aucune année de référence, et qu'elle peut donner lieu à des interprétations contradictoires. Il a déploré que les principales nations

industrialisées n'aient pas fixé d'objectif clair de diminution des émissions de carbone, en dépit du fait qu'elles ont appuyé une vague cible de réduction de la pollution d'ici le milieu du siècle.