Comme vous le savez, en août dernier, il y a eu une flambée de violence à Montréal-Nord où une partie du quartier a été prise à mal par plusieurs jeunes. Une violence ayant suscité diverses réactions dont du désarroi, de l'incompréhension, de la peur de circuler dans le quartier, de la colère, des propos de racisme et d'exclusions.

Une situation soulevant divers questionnements, dont cette interrogation: la violence, où est-elle vraiment?

Quand des familles ne peuvent pas trouver des logements adéquats à cause de leurs faibles revenus;

Quand on est au chômage de père en fils;

Quand nous fermons des usines et nous les ouvrons ailleurs pour faire plus de profits;

Quand nous produisons des pauvres et les appelons les paresseux;

Quand nous ouvrons la porte aux personnes immigrantes mais ne leur donnons les emplois que nous ne voulons pas;

Quand nous faisons subir de l'exclusion et du rejet;

Quand des milliers de jeunes vivent dans des familles qui consacrent 56,2% de leurs revenus bruts pour la nourriture, les vêtements et le logement;

Quand plusieurs étudiants ne peuvent compter sur leur famille et terminent leurs études avec une dette de 25 000 $ à 30 000 $;

Quand les inégalités augmentent; selon John Ralston Saul: «Il y a 25 ans, les patrons gagnaient 39 fois le salaire moyen. Aujourd'hui, ils gagnent environ 1000 fois le salaire moyen.»

Faut-il se surprendre de ce qui est arrivé à Montréal et de ce qui pourra arriver éventuellement dans d'autres villes du Québec? Faut-il exercer davantage de répression ou opter pour l'écoute, le dialogue? Que faut-il changer en profondeur? La réponse n'est pas simple et elle doit être cherchée ensemble en évitant la culpabilisation. Une des pistes consiste à donner du prix à la vie.

Chercher à mieux se connaître pour chasser les peurs et faire confiance;

Se mobiliser pour des emplois de qualité pour les jeunes;

Participer aux actions qui cherchent à faire reculer l'appauvrissement des jeunes et de leurs familles;

Raffermir au besoin notre foi dans la capacité des êtres humains pour se changer et dans la valeur de leurs actions pour changer ce qui doit être changé;

S'entraider et se donner des lieux pour prendre la parole, pour comprendre la complexité de ce qui se passe, pour permettre d'agir;

Valoriser les initiatives et lieux de rencontres entre générations, quartiers, religions, cultures;

Contribuer au développement d'un sentiment d'appartenance au quartier;

Soutenir les initiatives qui rassemblent et valorisent les jeunes;

Inviter les citoyens et citoyennes à s'investir dans les mouvements, associations, groupes communautaires, syndicats, partis politiques;

Se communiquer les souffrances, les désespoirs ainsi que les aspirations et les chemins d'espérance utilisés par les jeunes que nous connaissons. Leur manifester l'amour que nous leur portons, notre désir pour leur venir en aide et notre foi dans leurs capacités.

Nous croyons qu'il faut dépasser les actions charitables en se préoccupant d'agir sur les causes de la pauvreté pour faire advenir la justice. Il faut agir en solidarité avec les jeunes pour construire un avenir où la richesse sera mieux répartie. La société est riche lorsque chaque personne est considérée comme une richesse pour tous.

Jean-Paul St-Amand pour

Comité de pastorale sociale Granby et région