La Cour suprême du Canada a accepté jeudi de se pencher sur le congédiement des quelque 190 employés du magasin Wal-Mart de Jonquière, qui a fermé ses portes en avril 2005 alors qu'un arbitre était sur le point d'y imposer une première convention collective.

Les employés soutiennent que leur renvoi définitif était illégal puisqu'il était directement relié à leurs activités syndicales. La direction de Wal-Mart a toujours nié cette interprétation.

Depuis le début du conflit, la Commission des relations du travail et la Cour d'appel du Québec ont toutes les deux donné raison au géant mondial du commerce de détail et jugé qu'il avait le droit de fermer sa succursale.

Les tribunaux ont en outre refusé d'accorder aux travailleurs la permission d'entreprendre un recours collectif contre leur ancien employeur.

Pour les employés, représentés par le syndicat des Travailleurs unis de l'alimentation et du commercer (TUAC-FTQ), la décision de la Cour suprême constitue donc une rare bonne nouvelle.

«C'est encore de l'espoir pour nous, c'est de l'espoir pour nos travailleurs, c'est de l'espoir je pense pour bien des travailleurs au Québec», a souligné le président de la section locale 503, André Dumas.

La plupart des employés du Wal-Mart de Jonquière se sont trouvé un nouvel emploi, mais ils poursuivent le combat devant les tribunaux malgré tout parce qu'à leurs yeux, la question est beaucoup plus vaste qu'un seul magasin ou une seule entreprise.

Pour le syndicat, c'est le droit d'association, gagné de haute lutte et garanti par la Charte des droits et libertés de la personne qui est en jeu.

«Ça donne quoi d'avoir des chartes, ça donne quoi d'avoir des droits si tout le monde peut les bafouer?, a fait valoir M. Dumas en entrevue à La Presse Canadienne. Il n'y a personne qui croit que Wal-Mart a fermé pour une raison économique. Tout le monde sait que c'est parce que les gens se sont syndiqués, point.»

Wal-Mart dit vouloir profiter de l'audience pour présenter sa position, sur une affaire qui a fait couler beaucoup d'encre. «Nous allons le faire et nous sommes confiants du résultat», a déclaré le porte-parole Yannick Deschênes.

Le magasin de Jonquière avait été la première succursale de Wal-Mart en Amérique du Nord à obtenir une accréditation syndicale.

Un autre magasin, situé à Saint-Hyacinthe, en a obtenu une depuis. Des audiences sont en cours devant un arbitre pour déterminer le contenu de la convention collective. Le processus devrait durer au moins jusqu'à la fin de 2008.

Par ailleurs, une dizaine d'employés de l'atelier de pneus de la succursale de Gatineau attendent de connaître leur contrat de travail.

La multinationale américaine Wal-Mart compte actuellement 54 établissements au Québec où elle emploie plus de 12 000 personnes.

La date de l'audience n'a pas encore été fixée. Le processus pourrait prendre encore plusieurs mois, voire des années. La Cour n'a pas non plus expliqué ce qui l'avait incitée à entendre la cause.