Dépression, stress, grande fatigue, les infirmiers et infirmières de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) n'en peuvent plus des heures supplémentaires qui leur sont imposées. Rompant leur silence habituel, les hommes et femmes en blanc du plus grand centre hospitalier de Montréal ont manifesté hier pour demander de l'aide.

Infirmière aux urgences, Julie souhaitait travailler à temps partiel pour s'occuper de ses deux jeunes enfants. Selon son contrat, elle devait passer 28 heures par semaine aux urgences. Elle en passe au minimum 50. «Cette année je gagne plus avec les heures supplémentaires qu'avec mon horaire normal», dit-elle, excédée.

Comme elle, une quarantaine d'infirmières se sont rassemblées hier devant l'entrée de l'HMR pour demander à la direction de cesser de les obliger à faire des heures supplémentaires.

Il y a quelques jours, j'ai cru avoir un malaise cardiaque. Les médecins m'ont examiné. Ce n'était pas mon coeur, mais du stress. Et je n'ai que 40 ans», a raconté Éric Lemieux, infirmier aux urgences depuis 17 ans.

Entre un personnel hospitalier plus sollicité, notamment à cause du vieillissement de la population, et la difficulté d'en recruter, la situation est critique au Québec. Il manquerait environ 1500 infirmières, selon le syndicat des Professionnels en soins de santé unis (PSSU), affilié à la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ).

« Le manque de personnel est plus accentué à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont que partout ailleurs au Québec », a dit Michel Léger, président des PSSU.

Selon lui, la direction de l'hôpital doit cesser d'imposer des heures supplémentaires, tant pour la santé des patients que pour celle des infirmières.

Les dirigeants de l'établissement hospitaliers aimeraient se rendre à cette revendication, mais ils se disent incapables de le faire actuellement en raison de la pénurie de main-d'oeuvre et des vacances.

«On est mal à l'aise de devoir imposer des heures supplémentaires, mais on n'a pas le choix, a expliqué Pascal Mailhot, porte-parole de l'HMR. C'est notre devoir d'assurer des soins continus aux centaines de patients qui se présentent chaque jour.»

Reste que, selon les infirmières, les conditions sont loin d'être propices au bon exercice de la médecine. Beaucoup de patients doivent attendre deux ou trois heures avant de parler à un membre du personnel médical, tandis que les infirmières doivent supporter des cadences à épuiser les plus endurantes.

«Tout le monde sait que, lorsqu'on vient travailler en fin de semaine, on est pris pour faire 16 heures consécutives», a dit une infirmière qui a préféré garder l'anonymat de peur de représailles de son employeur.

Selon M. Mailhot, le recrutement de 220 infirmières auxiliaires devrait permettre de résoudre le problème d'ici peu. «En ce moment, elles sont encore en période d'adaptation. D'ici à l'automne, on va voir des changements tangibles», a-t-il conclu.