Les auteurs du rapport de Santé Canada sur les conséquences des changements climatiques sur la santé sont indignés par la manière dont le gouvernement de Stephen Harper en a dévoilé le contenu.

Ottawa a en effet décidé de rendre cette volumineuse analyse publique jeudi dernier, en plein coeur de l'été, alors qu'elle était prête dès le début du printemps.

L'un des auteurs, Colin Soskolne, de l'Ecole de santé publique de l'Université de l'Alberta, a déclaré en entrevue au journal Le Devoir que le niveau d'intervention politique qui a accompagné le dévoilement du rapport de Santé Canada lui a rappelé le traitement réservé par l'Azerbaïdjan à une étude de l'Organisation mondiale de la santé sur laquelle il a récemment travaillé et dont le sujet était délicat pour cette ancienne république de l'Union soviétique.

M. Soskolne et ses collègues demandent à Ottawa de redonner l'ampleur qu'il mérite à leur rapport «La santé humaine dans un climat changeant: une évaluation canadienne des vulnérabilités et des capacités d'adaptation».

Vendredi dernier, le gouvernement Harper a rejeté les accusations selon lesquelles il aurait essayé de minimiser les conclusions de l'étude, tout en reconnaissant que sa publication se passer «bien différemment et bien mieux».

La directrice des communications Rita Smith a nié toute tentative d'étouffer la diffusion du rapport en le publiant tard jeudi soir, sur le site Internet du ministère de la Santé.

Mme Smith a affirmé que le gouvernement avait planifié une publication d'envergure pour la troisième semaine du mois d'août, mais prétend que les projets ont changé lorsque les journalistes se sont mis à fouiner.

Le rapport prévoit que des vagues de chaleur plus fréquentes augmenteront le nombre de maladies liées à la chaleur et les décès, et entraîneront davantage de troubles respiratoires et cardiovasculaires.

Il souligne que les conditions météorologiques exceptionnelles - comme des sécheresses, des tempêtes violentes, des vagues de chaleur et des coups de froid - augmenteront partout au pays les risques de blessures, de maladies et de troubles liés au stress.

Des éclosions d'épidémie d'E. coli, de typhoïde et d'autres agents pathogènes hydriques sont également attendues, puisque l'eau potable et de plaisance seront contaminées par le ruissellement des fortes pluies.

Le rapport prévoit enfin l'apparition de nouvelles maladies infectieuses et le retour d'autres maladies pourtant éradiquées.