Les élections avaient eu lieu samedi et les résultats sont sortis au cours de la nuit de dimanche.

M. Nicolas, qui a obtenu plus de la moitié des votes, possédera la majorité au conseil de bande puisque quatre des six chefs élus font partie de son équipe. Les deux autres élus, des proches de l'ancien chef James Gabriel de réfléchissent à leur avenir politique.

Les candidats défaits sont Clarence Simon et Veronica Montour.

Quelque 650 des 1400 électeurs inscrits se sont prévalus de leur droit de vote, lors du scrutin qui s'est tenu samedi.

Certains candidats ont évoqué des irrégularités et songent à contester le vote a

rapporté le réseau LCN dimanche.

Les deux bureaux de scrutin ont fermé juste après 21h et le dépouillement des

votes s'est étiré jusqu'au petit matin.

«La participation a été plutôt bonne. Beaucoup se sont déplacés pour voter», a déclaré l'organisatrice des élections, Mary-Jean Vincent. Un peu moins du tiers des 1400 électeurs admissibles auraient exercé leur droit de vote, selon les premières estimations.

Pas moins de 22 candidats étaient en lice pour devenir l'un des six chefs, un poste semblable à celui de conseiller municipal, tandis que deux hommes et une femme se disputaient le poste de grand chef du conseil de Kanesatake. Le grand chef sortant, Steven Bonspille, avait choisi de ne pas se représenter, après un mandat houleux durant lequel il n'était pas parvenu à s'entendre avec les autres membres du conseil de bande, restés fidèles au chef précédent, James Gabriel.

La tension était palpable, samedi, dans les rues de la communauté. A l'exception des aspirants chefs et de quelques supporters, bien peu de gens acceptaient de se prononcer ouvertement en faveur d'un candidat. «C'est sûr qu'il y a de l'électricité dans l'air dans la communauté et entre les différents candidats, mais c'est comme ça partout, a affirmé Mary-Jean Vincent. Le scrutin s'est très bien déroulé, sans aucun problème.»

«Les gens ne veulent pas dire pour qui ils votent, de peur de subir des représailles si la personne qu'ils appuient n'est pas élue. C'est une élection très polarisée. Les gens sont fébriles», a déclaré un électeur qui a préféré taire son nom.

Trois équipes plus ou moins officielles s'affrontaient samedi. Clarence Simon et cinq candidats, héritiers de l'ancien grand chef James Gabriel, veulent avant tout le retour d'une police mohawk et la reconnaissance par Ottawa des revendications

territoriales autochtones.

Paul Nicolas, le dauphin du grand chef sortant, Steven Bonspille, veut personnifier le changement. Pour ce faire, il s'est toutefois entouré de figures bien connues de Kanesatake, notamment de l'ex-chef de police Tracy Cross, condamné par le comité de déontologie policière du Québec pour avoir illicitement enquêté sur James Gabriel. Il peut aussi compter sur l'appui de Sheila Bonspiel, cousine du grand chef sortant.

Veronica Montour et ses alliés, dont Serge Simon, le cousin de Clarence Simon, misaient avant tout sur l'éducation pour remporter le vote. «Le gouvernement continue de nous tenir en otages en réduisant les fonds en éducation. On dépense 30 millions de dollars pour la sécurité, mais pas grand-chose pour éduquer nos jeunes», a martelé celle qui pourrait devenir la première grande chef de

Kanesatake.

Dans cette communauté de 1300 âmes où tout le monde se connaît, tous s'accordent à dire qu'il est temps de panser les vieilles blessures. «C'est fini, les chicanes, à Kanesatake, assure Clarence Simon. Au bout du compte, ce qui est important, ce n'est pas qui est élu. Nous devons nous réconcilier coûte que coûte. Sinon, Kanesatake est condamnée à vivre dans l'instabilité.»