Certains jeunes patients de l'hôpital Sainte-Justine peuvent maintenant profiter d'un traitement révolutionnaire. Depuis le mois d'avril, une quarantaine d'enfants atteints d'un déficit immunitaire grave reçoivent à domicile un traitement à l'immunoglobuline. Le Québec est la première province canadienne à autoriser ce traitement, qui change littéralement la vie des patients.

Au Québec, près de 400 enfants souffrent d'un déficit immunitaire grave. Ils sont aux prises avec des sinusites chroniques et des otites à répétition. Leur taux de mortalité est très élevé.

Pour survivre, ils doivent recevoir toute leur vie des traitements à l'immunoglobuline. Pour cela, ils sont obligés de se rendre aux trois semaines à l'hôpital pour des séances d'une durée moyenne de quatre heures.

Étant donné ces contraintes, les enfants ont de la difficulté à suivre un horaire scolaire stable. Le travail des parents est aussi chamboulé.

Mais plus maintenant, grâce à un produit qui a fait son apparition en Europe il y a cinq ans, qui s'injecte sous la peau et se diffuse tranquillement. Le mécanisme d'injection est portatif et peut donc être utilisé à la maison. En tout, le traitement dure une heure. «Les enfants peuvent donc recevoir leur traitement en regardant la télévision ou en mangeant», explique le chef du service d'immunologie et de rhumatologie de l'hôpital Sainte-Justine, le Dr Élie Haddad.

L'hôpital est l'un des premiers au Canada à autoriser le traitement. L'immunoglobuline est pourtant un produit approuvé par Santé Canada. «Mais le Québec a été très rapide dans l'adoption de ce traitement. Héma-Québec a autorisé son utilisation en 2007 et le ministère de la Santé a accepté de rembourser le traitement. Nous pouvons maintenant l'utiliser alors que les autres provinces ne le font pas», dit le Dr Haddad.

Le traitement à domicile permet de réaliser des économies substantielles. Les appareils coûtent une soixantaine de dollars. «Le traitement à l'hôpital est beaucoup plus coûteux parce qu'il faut payer le personnel. Mais on n'a pas de coûts exacts», indique la porte-parole de l'hôpital Sainte-Justine, Mélanie Dallaire.

«On sait que les enfants guérissent mieux quand ils sont à la maison. C'est donc un traitement très efficace pour eux, souligne le Dr Haddad. Et en plus, c'est économique.»