La lutte contre les changements climatiques divise toujours les provinces. À défaut de s'entendre sur une stratégie nationale de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), les premiers ministres se sont donné comme objectif d'accroître de 20% l'efficacité énergétique dans chacune de leur province d'ici 2020.

Pour le Québec, cet engagement ne représente rien de nouveau. Le plan vert du gouvernement Charest contient déjà un objectif semblable.

«L'objectif (du Conseil de la fédération) n'est pas plus ambitieux que celui du Québec. Ce n'est pas nécessairement le cas pour les autres gouvernements», a affirmé le premier ministre Jean Charest, hier, au terme de la réunion annuelle du Conseil de la fédération à Québec.

Selon lui, le Québec est «très avancé» en matière d'efficacité énergétique, si bien qu'il n'est pas nécessaire de prendre «des engagements qui vont nous forcer à en faire plus».

C'est la flambée du prix de l'essence qui a poussé toutes les provinces à se donner un objectif afin d'économiser l'énergie et éviter le gaspillage. «On veut outiller et informer les citoyens pour qu'ils fassent les meilleurs choix de consommation possibles pour qu'on puisse économiser autant que possible», a expliqué M. Charest.

Les ministres de l'Énergie et de l'Environnement se rencontreront à la fin du mois de septembre en Nouvelle-Écosse pour discuter de mesures permettant d'atteindre l'objectif de 20%. Pour l'instant, un plan en cinq points prévoit notamment la création de programmes pour vérifier l'efficacité énergétique des maisons unifamiliales. Une aide financière serait versée aux propriétaires qui feraient les rénovations nécessaires.

L'efficacité énergétique est le seul sujet environnemental qui a fait l'unanimité parmi les provinces au cours de leur réunion de trois jours. Deux clans s'opposent toujours dans la lutte contre les changements climatiques. Le Québec, l'Ontario, le Manitoba, la Colombie-Britannique et l'Île-du-Prince-Édouard militent en faveur de l'instauration d'un système de quotas et d'échanges de droits d'émissions de GES (cap and trade en anglais). Mais cinq autres provinces, dont l'Alberta, la Saskatchewan et la Nouvelle-Écosse, s'y opposent farouchement.

Lors de la conférence de presse de clôture, le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, et son homologue de la Nouvelle-Écosse, Rodney MacDonald, ont tous deux réitéré leur opposition à une Bourse du carbone et à une taxe sur le carbone. M. Wall a indiqué que sa province se spécialise dans le captage et la séquestration de carbone. Il a aussi pris la défense de l'Alberta, dont le bilan environnemental est critiqué. Le premier ministre albertain, Ed Stelmach, avait quitté le Château Frontenac avant le début de la conférence de presse.

Dans l'espoir de mettre plus de pression sur ses collègues, le premier ministre ontarien, Dalton McGuinty, y est allé d'un coup d'éclat en annonçant que sa province adhère au Western Climate Initiative. La Colombie-Britannique, le Manitoba, le Québec et sept États américains sont déjà membres de ce regroupement, créé à l'initiative du gouverneur de la Californie, Arnold Schwarzenegger. Son but est de mettre en place un marché commun de droits d'émission de GES.

Le premier ministre de la Colombie-Britannique, Gordon Campbell, a souligné que des provinces représentant la grande majorité de la population canadienne sont favorables au cap-and-trade. Dalton McGuinty a décoché quelques flèches vers Ottawa, qui rejette toujours cette mesure. «En tant que premiers ministres, nous allons faire tout ce qui est possible pour réduire les GES. Mais sans un gouvernement fédéral qui exerce un leadership fort, ce sera impossible d'y arriver», a-t-il dit.

Pour Jean Charest, la création d'un tel système de quotas et d'échanges est «inévitable». «En Europe, il y a une très forte volonté d'arriver à ce système. Et l'élection présidentielle américaine sera déterminante», a-t-il souligné. Les candidats démocrate et républicain, Barack Obama et John McCain, se sont tous deux prononcés en faveur de ce système.

Les premiers ministres des 13 provinces et territoires ont rencontré le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, dont les propos sur l'état de l'économie ont été rassurants, selon Jean Charest. «L'économie se porte mieux au Canada qu'aux États-Unis et que dans la moyenne des pays industrialisés. Le Canada et le Québec tirent bien leur épingle du jeu», a souligné le premier ministre du Québec.