De l'or pour la Chine? Au cou des athlètes, oui, mais pas dans le tiroir-caisse des commerçants. Plusieurs voient en effet leurs ventes diminuer pendant cette période olympique.

Mme Sun est bien placée pour observer le ralentissement: sa bijouterie est située juste en face des escaliers roulants, au premier étage du U-Center, dans Wudaokou, un nouveau centre commercial dont la très grande majorité de la clientèle est chinoise. «Il y a beaucoup moins de monde», constate-t-elle.

Ses propres affaires ont baissé de 30% ou 40%, dit-elle. «Depuis quelques jours, mes ventes ne sont pas bonnes. Le soir, il n'y a pas beaucoup de gens.»

Gao Junyan fait partie des clientes potentielles qu'elle ne verra pas le soir. En temps normal, Mme Gao passe ses soirées au gymnase ou à se promener avec son enfant de 5 ans. Pas depuis le début des Jeux olympiques.

«Le soir, je regarde à la télé les compétitions où il y a des Chinois. J'en regarde presque quatre heures tous les soirs.» Et le jour, elle va sur l'internet vérifier les résultats.

La Pékinoise a remarqué qu'elle n'était pas la seule à avoir ainsi changé ses habitudes: «Il y a moins de voitures dans les rues, le soir.

- Mais c'est à cause du règlement sur les plaques avec les chiffres pairs qui peuvent rouler un jour et les impairs le lendemain, non?

- Il y avait l'alternance juste avant les Jeux, mais il y a encore moins de voitures depuis que les compétitions ont débuté.»

Quatre heures de télé, pas de gym... les Pékinois vont prendre du poids avec un tel régime! «Il faut manger moins!» répond-elle du tac au tac, dans un éclat de rire.

S'ils sont peu nombreux dans les centres commerciaux, on peut facilement imaginer que les résidants de la capitale ont aussi reporté l'achat de biens importants, comme une maison. Ajoutez au facteur olympique l'essoufflement du marché immobilier depuis quelques mois - parce que les acheteurs s'attendent à des baisses de prix - et vous obtenez des chutes des ventes spectaculaires.

Selon le quotidien Beijing Youth, depuis le début des Jeux, les ventes d'appartements atteignent à peine 5% à 15% de ce qu'elles étaient l'an dernier à pareille date. À titre d'exemple, le 10 août, 36 appartements ont été achetés en ville, contre 344 en 2007 et 428 l'année précédente.

Et les endroits touristiques?

Est-ce à dire que les affaires sont mauvaises pour tous les commerçants? Une tournée des quelques marchés touristiques vous convaincra du contraire. Ainsi, à l'entrée du marché de vêtements Yashow, dans Sanlitun, deux Audi et une Volkswagen, clairement peintes aux couleurs de Beijing 2008, attendent que leurs conducteurs aient terminé leurs achats de fausses grandes marques à l'intérieur. À moins qu'ils n'y soient pour le massage de pieds, aux étages supérieurs.

«Il y a un peu plus de monde que d'habitude à cause des Jeux», explique une vendeuse, qui en profite pour demander au journaliste s'il n'a pas une épinglette du Canada à lui refiler.

La rue de la Soie a aussi un bon flot de clients, comme Wangfujing, la rue piétonnière où l'on trouve quelques centres commerciaux et la librairie en langues étrangères.

Dans les bars et les discothèques, il y a du monde malgré la sécurité plus tatillonne qu'à l'habitude: on passe les gens au détecteur de métal et des colosses vérifient le contenu des poches et des sacs.

Mais peu après minuit, vendredi soir, les «minorités visibles» (lire: Blancs, Noirs, Arabes) se faisaient assez rares. «Il y a beaucoup de gens des autres provinces», constate Li Yiwen, une Pékinoise qui accompagne ses deux amies Américaines rue Gongti Xilu, la rue branchée près du Stade des travailleurs.

«On a été surprises par la musique, lance une d'elle, Lauren Mabardi. C'est la même musique qu'aux États-Unis.»

Autre surprise que souligne Sara Procter, la deuxième amie: «L'alcool est plus cher ici qu'aux États-Unis. Une Corona, c'est 7$!»

Et le fait qu'il y ait peu d'étrangers dans les boîtes, est-ce que ça vous surprend aussi? La soirée est encore jeune, lancent les trois amies...