Après s'être présenté pendant des mois comme le père du «fédéralisme d'ouverture», le gouvernement conservateur se pose maintenant en défenseur de l'autonomie des provinces et promet qu'il «ne fera pas d'urticaire» si les autres paliers de gouvernement prennent des initiatives sur la scène internationale.

En entrevue au quotidien torontois The Globe and Mail, le ministre des Transports Lawrence Cannon a ainsi affirmé cette semaine qu'Ottawa était prêt à laisser le Québec négocier indépendamment une entente de mobilité de la main-d'oeuvre avec la France.

Le lieutenant québécois de Stephen Harper a ajouté que toutes les provinces canadiennes pourraient bénéficier du même traitement, tant qu'elles respectaient le partage de pouvoirs.

Le ministre soutient que son discours n'a rien d'étonnant et qu'il ne fait que refléter la manière de faire des conservateurs depuis leur arrivée au pouvoir, il y a deux ans et demi. Ses propos sur l'autonomie rappellent néanmoins ceux de l'Action démocratique du Québec.

En mettant en valeur cette position, l'équipe Harper espère sans doute se distinguer de ses deux principaux adversaires dans la province: les souverainistes du Bloc québécois et les libéraux de Stéphane Dion, vus comme centralisateurs.

M. Cannon n'a pas voulu dire mercredi si cette philosophie se traduirait par une loi limitant le pouvoir fédéral de dépenser ou si elle s'incarnerait dans des projets concrets. Chose certaine: il n'est pas question de rouvrir la Constitution pour y reconnaître officiellement la nation québécoise.

Les conservateurs sont actuellement réunis à Lévis, en banlieue de Québec, pour préparer leur session parlementaire d'automne. Officiellement, ils affirment vouloir continuer à gouverner jusqu'à l'automne 2009, mais l'on sent qu'ils n'ont pas complètement fait une croix sur des élections hâtives, possiblement dès cet automne.

L'arrivée d'un nouveau directeur des communications au bureau du premier ministre a par ailleurs des conséquences remarquables sur les relations entre les élus et les médias. Mercredi matin, près d'une dizaine de ministres dont Jim Flaherty (Finances) et Peter MacKay (Défense) ont répondu aux questions des journalistes.

Stephen Harper doit pour sa part faire une allocution devant des partisans en soirée à Saint-Agapit, dans Lotbinière-Chutes-de-la-Chaudière.