L'été qui s'achève a apporté sa dose de mauvais temps et de mauvaise presse pour le gouvernement de Stephen Harper. Rapports balayés sous le tapis, coupes dans le secteur culturel, financement électoral scruté à la loupe: la saison chaude a été pour le moins mouvementée.

Mais heureusement pour le gouvernement conservateur, la vieille tactique qui consiste à garder les annonces controversées pour le temps où les électeurs lisent des polars plutôt que des journaux a fait ses preuves, ont noté les politologues consultés par La Presse.

«Est-ce qu'ils ont profité de l'été, ou même de vendredis soir pour laisser sortir des nouvelles qui risquent d'avoir un accueil moins favorable? Probablement. Mais est-ce que les autres partis auraient fait autrement? J'en doute fort», a souligné Luc Juillet, politologue à l'Université d'Ottawa.

Or, «pour un gouvernement qui demandait la transparence, on peut dire qu'il n'est pas transparent - ou qu'il l'est le moins possible», estime pour sa part Réjean Pelletier, professeur de sciences politiques à l'Université Laval.

Changement de garde

Pourtant, la nomination d'un nouveau chef de cabinet et d'un nouveau directeur des communications, il y a quelques mois, laissait présager une certaine évolution. D'ailleurs, au dernier caucus des députés conservateurs, plusieurs journalistes ont vu une nette différence.

«C'est une évolution naturelle qui survient à mesure que le gouvernement et les ministres deviennent plus expérimentés», a précisé Kory Toneycke, le nouveau directeur des communications de Stephen Harper.

Richard Brennan, président de la Tribune de La Presse sur la colline parlementaire, reconnaît lui aussi que le gouvernement a fait des progrès. «Il y a une amélioration marginale. C'était tellement mauvais N'importe quelle amélioration aurait été bienvenue», a tranché le journaliste du Toronto Star.

Or, les derniers mois montrent que certaines habitudes sont plus durables que d'autres. Le moment choisi pour divulguer certains documents, par exemple. Il y a quelques semaines, le ministère des Affaires étrangères a attendu jusqu'à 18h10 un vendredi pour rendre public son rapport d'enquête sur l'affaire Bernier-Couillard. Il datait pourtant de deux semaines.

La grogne que suscitent les récentes coupes dans les programmes d'aide aux artistes est un nouvel exemple de relations publiques bâclées, croient plusieurs des politologues que La Presse a consultés.

Mais quel impact des incidents semblables peuvent-ils avoir sur l'électorat?

«Je ne pense pas que cela se traduise par un recul mais, dans la mesure où les conservateurs ont cruellement besoin d'accroître leur soutien électoral, on peut voir cela comme un recul», a estimé Christian Rouillard, politologue à l'Université d'Ottawa.

«En fait, c'est vraiment maintenant que ça peut commencer à être plus important, a renchéri sa collègue Catherine Côté, qui enseigne la politique à la même université. C'est la rentrée (...) et on recommence à parler de politique, surtout avec des rumeurs d'élections Donc, ces sujets-là, c'est maintenant qu'ils pourraient commencer à faire mal - s'ils font mal.»

Évidemment, les partis de l'opposition entendent rappeler ces incidents au bon souvenir des électeurs dans les prochaines semaines.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, entame une tournée des régions du Québec. «Les conservateurs ont montré leur vrai visage au cours de l'été, a déclaré le leader parlementaire de la formation, Pierre Paquette. On a de l'eau au moulin. C'est sûr que ce sont des clous sur lesquels on a tapé dans le passé, mais maintenant les conservateurs ont un bilan extrêmement négatif à défendre.»

Le Parti libéral va multiplier les assemblées publiques pour critiquer le gouvernement, en matière économique et gouvernementale, notamment. «M. Harper a passé un été - pardonnez-moi l'expression - dans la merde, avec tous ces scandales et ces mauvaises nouvelles, a déclaré la députée montréalaise Marlene Jennings. Le blâme lui revient entièrement.»