Des résidants du centre-ville de Montréal s'inquiètent de l'arrivée dans leur quartier de la maison Dianova, une organisation qui aide les toxicomanes depuis 1994. L'organisme dit qu'il n'y a aucun risque: les gens qui vont y loger ne prennent plus de drogues et sont en attente d'un logement.

Ce printemps, Dianova a acheté la maison de chambres du 1271-1275, rue Saint-André grâce à une subvention de 800 000$ d'Ottawa. La levée de boucliers a été immédiate. «On a une overdose de toxicomanes», s'est plaint Jean-Michel Fontaine, qui habite dans cette rue, lors du dernier conseil d'arrondissement de Ville-Marie.

«On a l'impression de revivre le cauchemar de Cactus, a-t-il dit. Avant, c'était une maison de chambres, pas un centre de services, d'accueil et de conseil. Ont-ils un permis d'occupation?»

Le maire de Ville-Marie, Benoit Labonté, a dit être très «préoccupé par la question», mais ses services l'ont assuré que tout était conforme. D'ailleurs, une inspectrice a visité la maison et a confirmé le permis de Dianova.

Dans le quartier, il y a de l'inquiétude, dit Renaldo Nunez, propriétaire de l'hôtel Manoir des Alpes, situé tout près. «Il y a beaucoup d'enfants dans le quartier, dit-il. Et on a une clientèle de choix.»

La Société d'habitation du Québec et la Ville de Montréal participent au projet afin de rénover le bâtiment et de le gérer dans le cadre du programme «Accès Logis». Grâce à cette entente, les 20 chambres seront administrées comme des logements sociaux subventionnés.

«Je trouve ça un peu troublant qu'ils s'implantent non loin de Berri-UQAM où il y a du trafic de drogues, explique Roger Lapointe, directeur de l'hôtel Le Saint-André. Ville-Marie est quand même un quartier chaud. Mais bon, on va donner la chance au coureur.»

Le centre-ville est-il le meilleur endroit pour que des ex-toxicomanes commencent une nouvelle vie? «Les personnes qui viennent chez nous ont pour objectif d'être solides et de faire face à leur environnement, malheureusement composé de milieux qui rendent les substances très accessibles, dit Bruno Ferrari, directeur général de Dianova. Si on était à cinq rues de là, peut-être que ce serait mieux, mais en réalité on ne serait qu'à cinq rues de là.»

M. Ferrari dit avoir été surpris par la situation dans le quartier Centre-Sud et ajoute que Dianova va contribuer à ce que ça aille mieux, pas à alourdir la situation: «On peut participer à des actions communautaires dans le quartier pour faire en sorte que notre projet soit bien intégré et améliore les choses.»