Les entreprises et institutions doivent sortir leurs pelles et planter des arbres, affirme la Ville de Montréal, qui les invite à reverdir leurs terrains pour lutter contre la chaleur accablante.

«Ce ne sont pas les instances publiques qui peuvent le faire», a indiqué hier Helen Fotopulos, responsable de l'environnement et des espaces verts au comité exécutif, au moment d'annoncer le lancement d'une opération de mobilisation visant à verdir Montréal.

Les chiffres tendent à appuyer l'appel de Mme Fotopulos: en ville, 85% de l'espace pouvant accueillir un arbre se trouve en terrain privé, selon Francine Matte, de la Société de verdissement de Montréal.

«On ne peut pas compter sur les pouvoirs municipaux, qui en ont déjà plein les bras avec les arbres en bordure de rues et les parcs, affirme Mme Matte. La plantation d'arbres sur les terrains des entreprises et institutions est vraiment la clé.»

Cela dit, Mme Fotopulos n'a pas voulu d'établir d'objectif chiffré ni annoncer des nouveaux budgets ou des mesures coercitives pour encourager la plantation d'arbres. Elle promet pour l'automne le dévoilement du plan municipal de verdissement.

Elle affirme toutefois que la nouvelle loi habilitante adoptée au printemps par Québec pourrait permettre à Montréal de réglementer la plantation d'arbres sur les terrains privés. «On espère pouvoir aller plus loin pour intégrer ces aspects dans la réglementation», a-t-elle affirmé.

En attendant, il faut s'en remettre à la bonne volonté des propriétaires pour atténuer l'effet «d'îlot de chaleur urbain». Ce terme qui désigne les endroits dans une ville où il peut faire 5 ou 10 degrés plus chaud que dans les zones environnantes, voire plus, à cause du manque de verdure et du surplus d'asphalte dans les rues et de goudron sur les toits.

Un enjeu important

Selon la Direction de la santé publique de Montréal, ce phénomène est considéré comme «un enjeu important de santé publique, particulièrement dans le contexte du réchauffement climatique où les canicules deviendront plus fréquentes et plus sévères à Montréal».

De la bonne volonté, il s'en est trouvé beaucoup depuis 10 ans pour verdir de façon spectaculaire une friche industrielle de la rue Panet.

La conférence de presse s'est déroulée sous les peupliers, à travers des plantes luxuriantes, des bassins où nagent des poissons rouges, avec comme bruit de fond le cri de perruches et de poules.

«C'est la compagnie GBS Inc., un distributeur de roulements à billes, qui nous prête le terrain et nous fournit l'eau et l'électricité», dit Pierre Dénommé, directeur général du Sentier urbain, un organisme de verdissement du Centre-Sud.

Le «jardin Panet» est né en 1997 pour faire la démonstration du compostage. Il est fréquenté entre autres par des écoliers, qui hébergent l'hiver dans leurs classes les animaux et les plantes en pots qui parsèment le terrain de plus de 700 mètres carrés.

Les entreprises et institutions qui veulent faire leur part peuvent faire appel aux services - payants - que la Ville propose avec ses partenaires. Le tarif varie de 390$ à 560$, selon que l'on plante l'arbre soi-même ou pas.

Les résultats valent la peine, même s'il faut les attendre quelques années, selon André Porlier, du Conseil régional de l'environnement de Montréal. «Les quartiers où des arbres ont été plantés il y a 30 ou 40 ans sont très agréables aujourd'hui», dit-il.