Les hélicoptères propriétés du service d'ambulance aérienne AirMédic sont présentement cloués au sol. En effet, la direction de l'organisme à but non lucratif basé à Saint-Honoré a volontairement retourné son certificat d'exploitation à Transports Canada, demandant au ministère de le suspendre de façon temporaire.

L'information a été confirmée par la porte-parole de Transports Canada, Marie-Annick Côté. Jointe à Montréal, Mme Côté a indiqué qu'AirMédic est présentement dans l'impossibilité de poursuivre ses activités en utilisant ses propres appareils.

La responsable des communications a cependant tenu à préciser que la révocation du certificat ne signifie pas nécessairement la mort définitive d'AirMédic.

"Il y a une nuance importante à faire. La compagnie a la liberté d'affréter les services d'autres compagnies aériennes si elle le souhaite, comme elle l'a déjà fait par le passé", met en relief Marie-Annick Côté. Or, il est connu de tous que les appareils d'AirMédic sont particulièrement adaptés pour la dispense de soins médicaux, ce qui n'est pas nécessairement le cas d'engins appartenant à d'autres entreprises spécialisées dans le transport aérien. Marie-Annick Côté n'est pas en mesure de dire à quand remonte le renvoi dudit certificat par la direction d'AirMédic, ni pour combien de temps celui-ci sera considéré invalide.

Idées de grandeur

Depuis la publication d'un article portant sur les déboires financiers d'AirMédic dans les pages du Quotidien un peu plus tôt cette semaine, il a été possible d'apprendre que l'organisme a récemment procédé à plusieurs mises à pied.

Au cours des derniers jours, le consultant en communication et en gestion de crise embauché par AirMédic, Jean Lambert, a profité de toutes les tribunes médiatiques pour dédramatiser la situation.

Il a qualifié cette période difficile de "cyclique" et a partiellement attribué ce creux de vague à la hausse du prix de l'essence. M. Lambert a également affirmé que les licenciements chez AirMédic n'étaient que temporaires et a invoqué des raisons d'entretien pour expliquer le fait que les appareils sont présentement dans l'impossibilité de voler.

Mais la confirmation obtenue auprès de Transport Canada, assortie d'une lettre anonyme acheminée à la rédaction du Quotidien par courriel par un ancien employé et membre donateur vient soutenir la thèse de la déroute chez AirMédic. Dans sa missive, l'ex-travailleur membre du service ambulancier aérien nous indique que les mises à pied "temporaires" sont plutôt permanentes.

Déboires

Selon notre source, 21 des 28 employés d'AirMédic ont été congédiés depuis mars 2008, dont le directeur de l'entretien mécanique et son équipe. Sept autres employés ont remis leur démission. Ces départs sont survenus dans la foulée de la démission en bloc des 11 membres du conseil d'administration au printemps. À ce jour, seulement cinq personnes, dont quatre détenant des postes administratifs, forment l'équipe d'AirMédic.

Toutes les allégations de notre source anonyme ont été validées par un deuxième intervenant, celui-ci bien connu de notre équipe et assurément crédible. Cet employé démissionnaire, qui souhaite également garder l'anonymat parce qu'il est à la recherche d'un nouvel emploi, a confirmé que les déboires financiers d'AirMédic ont commencé il y a plus d'un an, à la suite de l'acquisition d'un deuxième hélicoptère et l'ouverture d'une seconde base à Mirabel.

Selon lui, l'organisation n'avait pas l'argent nécessaire à la réalisation de ce projet d'expansion. Or, le président fondateur et chef de la direction chez AirMédic, François Rivard, y tenait mordicus. Il a ainsi réussi à convaincre les membres du conseil d'administration de l'époque d'entériner sa décision, même si aucune étude de marché n'avait été réalisée au préalable et en dépit de l'existence des fonds requis.

"Il espérait que la mise en opération de la base de Montréal provoquerait des entrées d'argent importantes, provenant du recrutement de nouveaux membres donateurs et grâce à des partenariats conclus avec des entreprises et des hôpitaux", fait valoir notre informateur . Ce dernier est d'avis que l'objectif de François Rivard était d'accroître la présence d'AirMédic et de rendre l'organisation visible partout au Québec. Il semble que ces projets d'envergure auraient été éventuellement réalisables, mais que la direction a pris des décisions prématurées. De l'avis de notre source, François Rivard aurait dû faire preuve de patience et attendre encore deux ans avant de mettre ses plans à exécution.