Jean-Claude Boivin, un homme de 55 ans de Chicoutimi, est à bout de souffle. Il n'en peut plus et s'il a accepté de rencontrer l'équipe du Quotidien, c'est pour lancer un cri d'alarme. "Je n'en peux plus. J'ai besoin d'aide", clame-t-il.

Depuis maintenant deux ans, Jean-Claude Boivin ne peut plus sortir de chez lui. Il vit cloîtré dans son petit appartement avec sa conjointe et la mère de celle-ci, une femme de 92 ans. Les médecins ne sont pas en mesure de dire de quoi il souffre exactement, mais ce qu'ils savent c'est qu'il a de l'eau dans sa jambe et que celle-ci est mélangée au sang. De ce fait, la jambe gauche de M. Boivin est démesurément grosse et possède une plaie qui ne guérit pas en raison de son diabète.

Avant, cet homme travaillait comme agent de sécurité et menait une vie active. Aujourd'hui, il doit demander de l'aide pour prendre son bain, aller à la salle de bain, sortir de la maison et grimper dans l'auto. Pour cet amateur de petite chasse et de pêche, la vie se résume aux quatre murs de son appartement. "J'ai demandé de l'aide au CLSC et à plusieurs organismes, mais aucun ne peut nous aider", raconte M. Boivin. Au CLSC, on lui a répondu qu'il ne correspondait pas aux critères. "Je reçois une rente d'invalidité et ma femme travaille. Ils m'ont dit que pour avoir droit au service à domicile, je devrais vivre de l'assistance-emploi", dénonce-t-il. Pourtant, M. Boivin est incapable de sortir sans aide de chez lui. Pour gravir les trois marches qui le séparent de sa voiture, sa femme doit l'aider. "J'ai peur. S'il tombe, je suis incapable de le relever", avoue Mme Savard. Car en plus de souffrir d'un mal inconnu à la jambe gauche, M. Boivin est affligé par un surplus de poids. À 402 lb, il est difficile pour sa conjointe de lui venir en aide s'il chute. D'ailleurs, la semaine dernière, il s'est blessé aux côtes après avoir tenté de monter les trois marches qui lui permettent de sortir de chez lui.

Jean-Claude Boivin et Johanne Savard ont un besoin urgent d'un soutien à domicile et d'une aide financière. "J'ai frappé à toutes les portes et elles se sont toutes refermées, me laissant seul", soupire Jean-Claude Boivin. Les yeux embués et la gorge nouée, il avoue qu'il ne sait plus quoi faire et qu'il se sent complètement livré à lui-même. Sa conjointe explique qu'avec son salaire et sa rente d'invalidité, ils arrivent à payer leur loyer et leur nourriture, mais c'est tout.

Elle explique que lorsqu'elle travaille, elle aimerait bien avoir une personne pour veiller sur son mari et sa mère de 92 ans. "Il y a quelques semaines, ma mère a fait une chute et s'est brisée la hanche. Jean-Claude était incapable de lui porter secours. Ils m'ont appelée, mais je ne pouvais quitter la dame dont je m'occupe. J'ai donc appelé ma fille pour qu'elle vienne à leur secours. Mme Savard avoue qu'elle vit quotidiennement dans l'inquiétude et le stress. "Je suis fatiguée et à bout de souffle", lance-t-elle le regard triste.

De plus, M. Boivin explique que dans sa condition, tout est compliqué. Trouver un pantalon ou encore des souliers est un calvaire. Pour avoir des souliers qui lui conviennent, Jean-Claude Boivin doit débourser 1000$, une somme qu'il ne possède pas. Lors de sa dernière hospitalisation, il s'est procuré des pantoufles pour se déplacer au coût de 150$. La vie de Jean-Claude Boivin est un vrai cauchemar et il ne souhaite à personne de vivre une telle épreuve. Par contre, ce qui le soulagerait un peu, c'est de savoir qu'il y a des organismes et des gens sur qui il peut compter.