La tempête qui a renversé sept poids lourds sur le pont Champlain le 10 juin dernier aura été de courte durée, mais les dommages provoqués sont considérables: les assureurs s'attendent à verser 56 millions en indemnisations, estime le Bureau d'assurance du Canada (BAC).

Sur la Rive-Sud, les véhicules abîmés par les grêlons sont si nombreux qu'un entrepôt de 15 000 pieds carrés a été ouvert à Saint-Mathieu-de-Beloeil uniquement pour faciliter l'évaluation et la réparation des crevasses. «Entre 175 et 225 véhicules endommagés sont évalués chaque jour, six jours par semaine», affirme Jean Lapointe, du réseau de carrossiers Fix Auto. Le Bureau d'assurance du Canada (BAC) affirme que 10 000 réclamations ont été faites pour des autos jusqu'à maintenant.

«Certaines voitures ont jusqu'à 300 bosses sur le toit. Cela rend l'estimation des dommages extrêmement difficile, explique Michel Jobin, évaluateur d'Assurances Desjardins dépêché sur place. «La situation est exceptionnelle. Normalement, je travaille du bureau, mais compte tenu du nombre d'autos touchées, nous sommes trop peu d'agents pour nous déplacer d'un garage à l'autre.» D'autres compagnies d'assurances, dont La Personnelle et Aviva, ont également leurs propres évaluateurs sur les lieux.

Dans l'entrepôt, une quinzaine d'employés de la firme Les Dégrêleurs scrutent minutieusement les véhicules à l'aide d'un néon. Plusieurs réparations sont faites sur place, grâce à une technique qui ne requiert pas de peinture. La facture peut monter très rapidement au-dessus de 5000$. «Ce sont de gros grêlons qui ont provoqué les dégâts. Les bosses sont donc plus grosses, ce qui nécessite beaucoup de travail de minutie», explique le débosseleur Daniel Lessard.

Après évaluation, environ le cinquième des véhicules sont considérés comme des «pertes totales» et ne feront pas l'objet de réparations, affirme M. Jodoin.

6000 résidences endommagées

Le BAC rapporte également 6000 réclamations pour des résidences frappées par la tempête. Encore là, la facture est salée. «J'ai été appelé d'urgence pour trois résidences de la Rive-Sud, dont deux qui avaient la toiture complètement arrachée. Au total, pour les trois contrats, les dommages approchent les 300 000$, explique Lionel Alladio, de Toiture Couture. Ça peut paraître élevé, mais ce sont des travaux d'urgence, qu'il faut réaliser en deux ou trois jours pour éviter qu'il pleuve dans la maison. Ça mobilise plusieurs équipes.»

Le chiffre de 56 millions avancé par le BAC provient d'un sondage effectué auprès des assureurs. «Un tel montant pour une tempête de si courte durée, c'est assez exceptionnel», affirme le porte-parole, Alexandre Royer. Par comparaison, le «déluge» qui avait frappé Montréal le 14 juillet 1987 a coûté autour de 80 millions aux assureurs. De la petite bière comparativement aux 1,8 milliard de dollars versés par les assureurs à la suite de la crise du verglas.

Selon le BAC, le réchauffement climatique risque de pousser à la hausse le nombre de réclamations pour des sinistres semblables liés à des conditions météorologiques extrêmes. «On voit de plus en plus de grandes quantités d'eau tomber dans un très court laps de temps, par exemple, et les infrastructures ne peuvent pas les absorber», explique Jack Chadirdjian, directeur des affaires publiques au BAC.

La part des dégâts d'eau dans les réclamations est donc passée de 20% en 2001 à 45% en 2006. «Cette augmentation est aussi due au fait que les gens ont de plus en plus d'objets de valeur dans leur sous-sol -des cinémas maison, par exemple. Mais on a bel et bien plus d'événements climatiques extrêmes.»

Avec la collaboration de Philippe Mercure.