Seulement six élèves sur dix obtiennent leur diplôme d'études secondaires en cinq ans. Au bout de sept ans, ils seront 72% à l'avoir finalement décroché. Un «drame humain», selon Réjean Parent, président de la Centrale des syndicats du Québec qui représente les enseignants.

«S'il s'agissait d'une usine et que 30% de la production était à mettre au rebut, un comité de crise serait mis sur pied pour redresser la situation. Là, c'est sûr qu'on parle d'enfants et non de chaîne de montage et que la comparaison s'arrête là. Mais sans diplôme, où vont-ils trouver un emploi dans cette économie aujourd'hui basée sur le savoir et de moins en moins sur la forêt ou le secteur manufacturier?»

>>>Consultez tous les résultats

Réjean Parent réagissait ainsi à diverses statistiques dévoilées par le ministère de l'Éducation, hier. Ces données portent d'une part sur les taux d'obtention de diplôme et d'autre part sur les taux de réussite aux examens du Ministère administrés en 2007 (et non ceux de cette année), que ce soit en français, en anglais, en mathématiques, en histoire, etc.

M. Parent s'inquiète particulièrement des taux d'obtention de diplôme. Pour lui, les taux de réussite aux épreuves sont très peu parlants «puisque tous ceux qui ont décroché avant la fin du secondaire ne sont pas pris en compte».

Ces nuances jettent un éclairage d'autant plus inquiétant sur les piètres résultats obtenus par l'école secondaire Pierre-Dupuy, à Montréal, qui affiche un taux de réussite aux examens de 2007 de 37,4% ou l'école Le Tremplin, dont le taux est de 38,4%.

Les résultats ne doivent pas rendre le Ministère bien fier «s'il les publicise un an plus tard, et le 2 juillet, alors que tout le monde est à la plage ou à la piscine...», ironise M. Parent.

À ce sujet, Stéphanie Tremblay, porte-parole du Ministère, admet que les résultats auraient pu sortir une semaine ou deux plus tôt, mais pas davantage, puisqu'il faut laisser à chacun le temps de faire ses deux examens de reprises réglementaires.

Par région, si l'on jette un coup d'oeil à la seule cohorte de 2002 qui a fini son secondaire après les cinq années réglementaires, la région Chaudière-Appalaches se tire moins mal d'affaire, avec un taux de 58,2%. Montréal obtient un taux de 52%. C'est la cohorte du Nord-du-Québec qui a le moins décroché son diplôme dans les temps habituels: seuls 23, 5% y sont parvenus en cinq ans.

Encore une fois, on note que les garçons réussissent beaucoup moins bien, dans toutes les régions. La fracture est particulièrement nette en Abitibi-Témiscamingue, où le taux d'obtention de diplôme chez les filles de la cohorte de 2000 est de 77% et celle des garçons, de 61,8%, au bout de sept ans.

Sans surprise, les écoles privées mènent le bal.

La Commission scolaire de Montréal, l'Alliance des professeurs et le personnel politique du Ministère n'ont pas voulu commenter les résultats (le Ministère se limitant à des explications sur les statistiques).

Ce qu'en disent les ados...

Dans la rue, hier, les adolescents, eux, en avaient long à dire sur les examens du Ministère. Non pas sur ceux de 2007, déjà loin dans leur tête, mais sur ceux qu'ils viennent de passer.

Les jeunes interviewés hier étaient unanimes: l'examen d'anglais langue seconde –discipline qui obtenait le plus haut taux de réussite (78,4%) en 2007– était incroyablement facile. Au contraire, nombreux étaient ceux qui ont trouvé l'examen d'histoire de 4e secondaire extrêmement difficile.

L'examen de français était une farce, à en croire Geneviève, de l'école Jean-Jacques Rousseau. «De la petite compréhension de texte facile.»

Facile ou pas facile, il suffit souvent de s'en remettre aux plus performants, relève Lukas Brugger, un Autrichien venu faire un échange culturel d'un an au Québec. «Aux examens, notamment à celui d'anglais, ça trichait vraiment beaucoup, dans la classe!» Un vrai examen collectif, à l'entendre.

Bref, les chiffres, ça vaut ce que ça vaut!

Pour consulter tous les résultats par école, par commission scolaire et par région, nous vous invitons à aller sur cyberpresse.ca/examens