"Mes amis au début riaient quand ils ont su que je m'étais acheté une p'tite vache brune. Et maintenant, plusieurs en ont aussi, des p'tites vaches brunes." L'éleveur Richard Bédard est littéralement tombé en amour il y a cinq ans avec la race de vaches Jersey. Et il n'est pas le seul.

Les Jersey, qui avaient leur concours de beauté hier à l'Expo agricole de Chicoutimi, se sont multipliées au Québec et dans le reste du Canada depuis la crise de la vache folle en 2003. Elles sont désormais aussi nombreuses que les Ayrshire (rousses et blanches) dans la province. Les Holstein (noires et blanches) demeurent toutefois encore largement majoritaires dans l'industrie laitière.

"Ça fait quatre ans que la race est en expansion", explique Jean-Marc Pellerin, représentant québécois de Jersey Canada. Le nombre d'éleveurs membres de Jersey Québec a doublé au cours des trois dernières années.

Richard Bédard, l'un des trois associés de la ferme Jersey du Fjord, trouve beaucoup de qualités à cette race. Il assure toutefois que toutes les espèces de vache ont leurs avantages. "La Holstein demeure une vache extraordinaire", rappelle celui qui en possède toujours 125, contre 85 Jersey.

Si la Jersey produit une moins grande quantité de lait, celui-ci est plus riche en protéines et en gras. "Et nous sommes payés sur les composantes" et non au litre, souligne M. Bédard, également représentant du Saguenay-Lac-Saint-Jean à Jersey Québec.

Puisque le lait de la Jersey est gras, il est idéal pour la fabrication de fromage. Son associé Pierre Girard a d'ailleurs déjà lancé sur le marché deux fromages de lait de Jersey.

Autre avantage, la Jersey est plus petite que ses consoeurs. "Ça rentabilise ton pied carré", dit-il. Au lieu d'avoir à construire de nouvelles étables, les éleveurs peuvent tout simplement remplacer leurs grosses Holstein par des Jersey.

Selon Jean-Marc Pellerin, la Jersey a aussi une espérance de production plus élevée de 186 jours par rapport à la Holstein. Elle éprouve également moins de problèmes lors du vêlage, est en meilleure santé et coûte donc moins cher en frais de vétérinaire.

Crise profitable

Pour former son troupeau de vaches brunes, Jersey du Fjord a profité de la crise de la vache folle. Lorsque les États-Unis ont fermé leurs frontières aux importations de bovins, les prix sur le marché canadien ont chuté. "Nous avons pu acheter à bas prix de la bonne génétique que les éleveurs n'auraient habituellement pas voulu vendre", confie M. Bédard. Cinq ans plus tard, leur troupeau est d'assez bonne qualité pour qu'ils puissent vendre eux-mêmes des taureaux à des centres d'insémination.

Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, le nombre d'éleveurs qui diversifient leur troupeau en y ajoutant des Jersey est également en hausse. "On commence à faire notre place", conclut Richard Bédard.