Traverser la frontière afghane pour entrer au Pakistan? Rien de plus facile. Il suffit de verser un pot-de-vin dérisoire - moins que le prix d'un café - et ce, sept ans après que cette région soit devenue le centre de la lutte internationale contre le terrorisme, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.

La Presse Canadienne a pu constater la corruption galopante qui sévit à la frontière pakistanaise, à l'un des rares points de passage supposément officiels.

L'histoire de cette frontière chaotique explique en partie les décennies de violence qui continuent d'affliger l'Afghanistan, et l'omniprésence du Pakistan.

Des générations de conflits frontaliers ont contribué à déclencher une réaction en chaîne de nationalisme pachtoune, de militantisme islamiste, l'avènement des talibans et la rébellion actuelle.

Certains des gardiens payés pour protéger la frontière en ont même pratiquement fait leur poste de péage personnel. Des garde-frontière pakistanais exigent des pots-de-vin de 1 $ ou 2 $, une pratique familière à plusieurs des quelque 40 000 personnes qui franchissent cette frontière chaque jour.

Un journaliste pigiste ayant effectué le voyage à plusieurs dizaines de reprises, au point de passage situé entre Spin Boldak, en Afghanistan, et Chaman, au Pakistan, a remarqué que ce n'est que lorsque l'argent n'était pas versé que les gardiens exigeaient de voir le passeport ou une pièce d'identité.

Du côté afghan, la corruption n'est pas un problème, mais les garde-frontière font systématiquement passer les gens sans demander à voir leur pièce d'identité et ne posent que quelques questions au sujet du lieu de résidence et de la destination des voyageurs.

Le rituel était à peu près le même au retour en Afghanistan. Les Pakistanais prenaient un pot-de-vin, les Afghans posaient peu de questions et demandaient rarement à voir une pièce d'identité.

De là, un voyageur pouvait demander à un taxi de le conduire à Kandahar ou à Quetta, au Pakistan, pour moins de 10 $.

Outre les quelques postes de contrôle déclarés comme celui-là, il existe des centaines de points de passage illégaux le long de la frontière de 2500 kilomètres, y compris des passages dans les montagnes et des sentiers empruntés par les bergers et leurs troupeaux de chèvres.

Le Canada a prévu dépenser 32 millions $ au cours des trois prochaines années pour améliorer la coopération internationale et fournir de nouvelles technologies permettant de renforcer cette frontière notoirement poreuse.