Avec sa liste de paie de 450 noms, Aleris était l'un des plus importants employeurs de Trois-Rivières. Pour la ville, et même pour la région, la fermeture de l'usine de laminage d'aluminium ne sera pas facile à encaisser, a prévenu le maire Yves Lévesque lors d'une entrevue avec Le Nouvelliste dimanche.

La compagnie a annoncé par voie de communiqué émis dans la nuit de samedi qu'elle fermait ses portes. Les employés étaient en lock-out depuis le début du mois de juillet.

Déjà, la semaine dernière, le maire Lévesque semblait résigné face à la décision de l'entreprise, annonçant que si la fin des activités se confirmait, il demanderait au gouvernement un fonds de diversification économique semblable à ce qui avait été alloué à Shawinigan après la fermeture de Belgo, l'automne dernier.

«Nous ne nous attendons pas à de gros montants, mais chaque dollar peut aider. Nous avons la Société de développement économique, et plus d'argent nous aiderait à faire de la prospection et à donner certains avantages à des entreprises pour essayer de créer quelques emplois», explique-t-il.

Le maire considère que la fermeture d'Aleris justifie un coup de pouce du gouvernement. «Quand on perd 450 emplois à Trois-Rivières, c'est comme si Montréal perdait 9000 emplois. Si ça arrivait, je peux te dire que les gens réagiraient! Maintenant, quels outils vont-ils mettre en place pour nous aider?», demande-t-il.

La ministre responsable de la Mauricie, Julie Boulet, s'est montrée ouverte, en fin de semaine, à aider Trois-Rivières à traverser cette épreuve.

Jusqu'à la limite de l'ultimatum donnée par Aleris, vendredi, le ministre du Développement économique, Raymond Bachand, et son chef de cabinet ont tenté de convaincre la direction de l'entreprise de revenir sur sa décision, mais ils se sont butés à une fin de non-recevoir, a soutenu Mme Boulet.

Déjà, elle est entrée en contact avec le ministre Bachand afin de le prévenir de la demande du maire Lévesque. Celle-ci sera étudiée, assure-t-elle, mais la réponse du gouvernement devra tenir compte du contexte. «C'est certain que ce n'est pas comme à Shawinigan, où c'était plus difficile et plus monoindustriel.

Au niveau économique, Trois-Rivières s'en sort mieux. Mais si nous sommes capables de disposer d'un fonds pour la diversification économique, moi, je suis toujours partante, et je vais plaider dans ce sens-là.»

À la première heure, samedi matin, le député adéquiste de Champlain, Pierre Michel Auger, est allé apporter son soutien aux syndiqués rassemblés devant l'usine. Appelé à commenter la situation, celui-ci s'est rangé de leur côté.

«Les travailleurs étaient prêts à faire des concessions, le gouvernement était prêt à s'impliquer dans le dossier, et les dirigeants d'Aleris n'ont rien voulu savoir. Ils avaient un plan de match et ils l'ont respecté.»

Même si sa circonscription est située de l'autre côté de la rivière Saint-Maurice, le député de Trois-Rivières, Sébastien Proulx, a suivi le dossier de près. Selon lui, le gouvernement aurait pu faire plus pour convaincre l'entreprise de conserver son établissement du secteur Cap-de-la-Madeleine.

Si les intentions d'Aleris sur l'avenir de ses installations ne sont pas encore connues, les élus interrogés en fin de semaine s'entendent tous sur un point: il faut tout faire pour repartir les opérations et garder l'expertise à Trois-Rivières.