Le compte à rebours des 100 jours a commencé pour Barack Obama et John McCain.

Le compte à rebours des 100 jours a commencé pour Barack Obama et John McCain.

Après le succès spectaculaire du voyage d'Obama en Europe la semaine dernière, alimenté par une couverture médiatique d'une extravagance sans précédent, on aurait presque le goût de dire : John Qui ? Du candidat négligé et ennuyeux qu'il était déjà dans cette course, McCain a maintenant l'air du "vilain petit canard" que plus personne ne veut voir sur la photo.

On se doutait que les médias avides d'images allaient donner toute la scène à Barack Obama lorsqu'on a appris que les trois "anchors " de nouvelles des trois grands réseaux américains avaient suivi le candidat démocrate durant son voyage au Moyen-Orient et en terre européenne.

Quand tout l'appareil du pouvoir politico-journalistique américain se déplace ainsi, on assiste à un débarquement qui ressemble beaucoup plus à une invasion qu'à une visite. Ils prennent l'endroit d'assaut et ils y sont chez eux.

Histoire d'amour

À partir de ce moment-là, l'importance de la nouvelle est irrémédiablement biaisée. Si les "anchors " sont là, la nouvelle est d'abord là, parce que les États-Unis sont dès lors rendues là. Ce qui se passe ailleurs, y compris dans le pays qu'ils ont laissé derrière, n'est plus que du remplissage de temps d'antenne.

L'affaire d'amour de la presse américaine avec Barack Obama ne date pas de cet événement. L'émission d'humour numéro un du pays, Saturday Night Live, a consacré plusieurs sketches hilarants au traitement de faveur réservé à Obama durant les débats des primaires qui l'opposaient à Hillary Clinton, la disparue.

Mais certains se demandent maintenant si les grands médias américains n'ont pas dépassé les bornes de la décence en accordant une attention aussi démesurée à un candidat, quel qu'il soit, à 100 jours des élections qui décideront du prochain président.

Mais, si mal il y a, il est fait. Et, il est douteux que ça change de toute façon. Parce qu'il n'y a au fond qu'une chose qui prime sur toutes les autres : le show.

Et là-dessus, Barack Obama et son étable de fringants stratèges n'ont pas fini de nous en faire voir de toutes les couleurs.

Par exemple, ils ont eu l'idée géniale, il y a quelques semaines, de "déménager" le congrès d'investiture démocrate de l'aréna de style traditionnel où il devait avoir lieu au stade de football des Broncos de Denver. C'est dire qu'au lieu de se limiter à leurs quelque 20 000 congressistes et autres officiels, ils pourront tenir des événements-monstres devant 75 000 personnes, dont plusieurs Américains ordinaires fous d'Obama, si leur plan est mis à exécution.

Charisme

Le congrès républicain aura lieu une dizaine de jours plus tard, du 1 au 4 septembre au Xcel Energy Centre de Minneapolis-St. Paul, au Minnesota. Personne n'a encore suggéré que ce serait une bonne idée de déménager le tout au stade de football des Vikings... Pour des raisons évidentes.

John McCain n'attirerait jamais une telle foule même s'il promettait de courir tout nu sur le terrain. Enfin... peut-être. Mais le résultat ne serait pas nécessairement probant.

Et il serait finalement suicidaire pour les républicains de penser qu'ils doivent essayer de battre Obama sur le terrain du charisme, où il est tout simplement un joueur "naturel".

Chacun son rythme...

Le vieux guerrier John McCain, qui a vu la mort certaine lui passer devant les yeux trop de fois pour les compter, continue donc, laborieusement, pesamment, gauchement de rencontrer ses petites foules et de parler à tous les microphones qui se dressent sur son chemin.

Pourtant, au plus récent sondage national, après toute cette publicité gratuite massive, Obama ne devançait McCain que par cinq points - 45 à 40 - dans les intentions de vote. Ça peut changer très vite dans les prochains jours. Mais, depuis deux mois, Barack Obama semble incapable de décoller réellement de John McCain, pour des raisons qui restent mystérieuses.

Et on doit se ranger derrière l'impression que ce spectacle commence à ressembler à une certaine fable classique. Celle du lièvre et de la tortue.

mgratton@ledroit.com