Québec réduit de moitié le budget destiné aux campagnes publicitaires de lutte contre le sida et les infections transmissibles sexuellement et par le sang, au moment même où l'on constate leur forte progression dans toute la province.
Depuis près de 10 ans, 1 million de dollars est alloué annuellement aux campagnes de lutte contre le sida et les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS). Mais pour l'année 2008-2009, seulement 575 000$ sont prévus au budget pour les différents messages publicitaires.
Or, les cas d'infections à chlamydia, la gonorrhée, la syphilis et le VIH explosent littéralement depuis quelques années au Québec, selon un récent rapport du ministère de la Santé.
«Les budgets devraient augmenter et pas diminuer, s'indigne Nathalie Nadon, responsable au Regroupement des organismes communautaires autonomes jeunesse du Québec (ROCAJQ). C'est aller à contresens de tout ce qu'on constate au niveau des statistiques.»
«Dans un contexte où l'incidence du VIH n'a pas diminué, je trouve déplorable que l'on coupe les budgets pour les campagnes», dit René Légaré, de la Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida (COCQ-Sida).
Le Dr Réjean Thomas estime que le gouvernement ne fait pas suffisamment d'efforts dans la prévention des ITSS, particulièrement auprès des jeunes. «À la clinique, le tiers de nos nouveaux patients diagnostiqués en 2007 ont moins de 30 ans et 13%, moins de 25 ans», dit le médecin et président de la Clinique l'Actuel, Réjean Thomas.
Réduire les budgets de prévention est un mauvais calcul, selon le Dr Thomas, puisque la note des soins de santé ne fera qu'augmenter. «Seulement pour traiter le VIH, cela coûte 100 millions de dollars par année!»
Réduction budgétaire
«Il faut faire attention dans la manière de compter parce que la façon de consentir les budgets a beaucoup évolué», met en garde Marie-Claire Ouellet, secrétaire générale associée à la communication gouvernementale. Elle assure que ce budget pourra être révisé au cours de l'année en fonction des demandes et des besoins exprimés par le ministère de la Santé.
«C'est sûr qu'il y a une apparence de réduction budgétaire, dit Hélène Gingras, du ministère de la Santé. Mais c'est une distribution initiale, ce ne sont pas les budgets définitifs. D'autres moyens de prévention peuvent être déployés.»
Le ministère de la Santé peut aussi puiser à même son propre budget pour financer des campagnes de prévention. Par exemple, pour l'année 2006-2007, le Ministère a débloqué 1,7 million de dollars en plus du million accordé par le Secrétariat aux communications du gouvernement.
Infections transmissibles sexuellement et par le sang
Nombre de cas au Québec
Chlamydiose
2002 11 073
Hommes 1584
Femmes 6024
2006 12 842
Hommes 1865
Femmes 6402
2007* 12 851
Hommes 1846
Femmes 6 416
Infection gonococcique
2002 880
Hommes 209
Femmes 143
2006 1275
Hommes 251
Femmes 237
2007* 1391
Hommes 295
Femmes 235
Syphilis
2002 47
2006 377
2007* 204
* Projection pour l'année 2007
Source : Ministère de la Santé et des Services sociaux