L'ADQ rejette catégoriquement l'intention de la Couronne de «bâillonner la preuve» dans le procès Norbourg, accusant par extension le gouvernement de vouloir cacher des informations au public.

Mardi, les procureurs de la Couronne, dans le dossier Norbourg, déposaient en Cour supérieure une requête pour que la preuve amenée contre Vincent Lacroix et ses coaccusés demeure entièrement secrète.

«Dans les procès criminels, c'est très exceptionnel de bâillonner la preuve comme ça», a estimé hier le député adéquiste d'Arthabaska, Jean-François Roux. L'ADQ considère qu'il s'agit d'une atteinte grave à la liberté de presse et au droit du public à l'information.

La Couronne affirme dans sa requête que l'objectif est de protéger l'identité et la réputation des gens à qui M. Lacroix prétend avoir offert des pots-de-vin, craignant un traitement médiatique sévère à leur égard.

«Qui est-ce que le gouvernement veut protéger là-dedans? Est-ce qu'il y a des gens ou des organismes que le gouvernement veut protéger? C'est ce qu'on voudrait savoir, a questionné le député adéquiste. Sinon, pourquoi faire une telle demande? Ce n'est pas dans l'intérêt du public de le faire. La vérité ne nuit jamais aux innocents.»

Bien que ce soit une requête déposée par la Couronne, M. Roux estime que le ministre de la Justice, Jacques Dupuis, en est ultimement responsable, en sa qualité de procureur général du Québec.

Le député adéquiste estime que seule la publication de l'identité des personnes concernées pourra faire taire les rumeurs et les soupçons qui pèsent sur les employés gouvernementaux qui ont eu des liens avec Norbourg et Vincent Lacroix. «Ce qu'on veut, c'est innocenter ces gens-là, blanchir leur réputation et ramener la confiance du public envers le gouvernement et ses organismes», a expliqué M. Roux.

L'Action démocratique du Québec réclame depuis plusieurs mois qu'une enquête publique et indépendante fasse toute la lumière sur le scandale Norbourg, afin de clarifier la part de responsabilité de l'Autorité des marchés financiers, du ministère des Finances et de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Le Parti québécois avait aussi réclamé une enquête publique dès mai 2006.