L'abbé Philippe Mabiala, qui a oeuvré 10 ans dans le diocèse de Gatineau à la paroisse Notre-Dame-de-la-Guadeloupe, puis Notre-Dame-de-l'Eau-vive, a lancé samedi une "autobiographie intellectuelle" dans laquelle il livre ses réflexions sur la vie de prêtre et les différences entre l'Occident et son Afrique natale, où il retournera dans un mois.

L'abbé Philippe Mabiala, qui a oeuvré 10 ans dans le diocèse de Gatineau à la paroisse Notre-Dame-de-la-Guadeloupe, puis Notre-Dame-de-l'Eau-vive, a lancé samedi une "autobiographie intellectuelle" dans laquelle il livre ses réflexions sur la vie de prêtre et les différences entre l'Occident et son Afrique natale, où il retournera dans un mois.

La genèse de l'ouvrage intitulé Le Germe et le Terreau : Quête identitaire d'un prêtre a commencé il y a une vingtaine d'années. Après un an à oeuvrer dans son diocèse de Nkayi au Congo-Brazzaville, le père Philippe a quitté sa région natale pour le nord de son pays où il a été missionnaire pendant cinq ans. Il a ensuite passé deux ans en France avant de s'établir Gatineau pour compléter des études au Collège dominicain d'Ottawa et exercer la prêtrise.

Dix ans plus tard, il a accompli ce qu'il voulait faire au Canada et est prêt à retourner à ses racines, mais avant il a voulu léguer ses réflexions et du même coup célébrer ses 20 ans de prêtrise qu'il fêtait mercredi dernier.

"J'utilise ma vie de prêtre comme prétexte pour réfléchir de façon plus large, a-t-il expliqué au Droit. Ma vie n'est pas plus importante que celle d'un autre. Je me suis posé les questions Comment être prêtre en Afrique ? Comment être prêtre en Occident ?"

Le constat : le travail et les problèmes rencontrés sont souvent similaires malgré les milliers de kilomètres qui séparent Gatineau de Nkayi.

"Peu importe où qu'on soit comme prêtre, on peut faire la même chose, ce qui change c'est juste le contexte, a-t-il noté. C'est le même ministère, le même sacerdoce, les mêmes problèmes qu'on me présente, bénir les maisons, éloigner les mauvais esprits."

Gestion du temps

Le père Philippe a tout de même été marqué par certaines différences, surtout au niveau de la gestion du temps.

"En Afrique, les gens font la file toute la semaine devant mon bureau pour me consulter, raconte-t-il. Ici, ils viennent un peu plus tôt avant la messe ou reste un peu plus tard pour se confesser ou me demander conseil. Si je leur propose de revenir me voir pour discuter d'une question plus complexe plus longtemps, ils ne sont pas intéressés."

Les messes sont également différentes : alors qu'ici une homélie dépasse rarement les 10 minutes de peur d'ennuyer les fidèles, au Congo, s'il dure moins de 15 minutes, on se fait critiquer parce qu'on est trop pressé, souligne-t-il.

"Ce qui m'a aussi frappé au Canada, c'est de voir les maladies mentales, les gens en détresse. Je me demande pourquoi c'est comme ça et c'est pourquoi j'en parle longuement dans mon livre." L'abbé refuse toutefois de juger ces différences, assurant que les moins bons aspects d'un endroit sont compensés par ses meilleurs et vice-versa.

Mais de quoi s'ennuiera-t-il après avoir quitté le Québec alors ? "De la neige et du froid, surtout quand il fera très chaud. Des engins de déneigement aussi. Ils me fascinent. Je les regarde et je me demande : si on avait de la neige en Afrique, est-ce qu'on aurait ce genre d'engin ?"

De quoi ne s'ennuiera-t-il pas ? "Du manque de courage de dire la vérité aux gens en pleine face de peur de les blesser."

cdube@ledroit.com