Les urgences montréalaises se préparent à vivre un été d'enfer. Parce que les urgences de l'Hôtel-Dieu fonctionneront au ralenti jusqu'à la fin du mois d'août, des patients et des ambulances seront détournés vers les autres centres hospitaliers de l'île, risquant d'engorger des établissements qui fonctionnent déjà à pleine capacité.

Au cours des deux prochains mois, un seul médecin sera de garde le jour aux urgences de l'Hôtel-Dieu alors que deux urgentologues y travaillent normalement. Une vingtaine de quarts de travail ne sont pas comblés pour le mois de juillet. Le service pourrait être fermé pour quelques nuits.

«On est en train de chercher une solution. On fonctionne au jour le jour. Mais je vous assure qu'on n'en est pas encore à envisager la fermeture complète de l'urgence de l'Hôtel-Dieu», dit la directrice des affaires médicales et universitaires à l'Agence de santé et de services sociaux de Montréal (ASSS-Montréal), la Dre Louise Ayotte.

Même si aucune fermeture n'est encore appliquée, le ralentissement du service force l'Hôtel-Dieu à détourner chaque jour une dizaine d'ambulances vers d'autres hôpitaux montréalais.

Jusqu'à maintenant, cette réorganisation n'a pas causé d'achalandage accru dans les autres établissements de la métropole. «On ne ressent pas d'impact majeur», affirme le directeur des services professionnels par intérim du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), le Dr Mathias Kalina. «Nous avons eu une conférence téléphonique ce matin avec les chefs des urgences de Montréal, et ils ne nous parlent pas encore d'engorgement», dit la Dre Ayotte.

Mais à court terme, elle reconnaît que « les établissements à proximité de l'Hôtel-Dieu seront «plus sollicités». Les deux autres sites du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), l'hôpital Saint-Luc et l'hôpital Notre-Dame, pourraient être débordés. «C'est sûr que ces établissements sont plus proches. Mais on gardera l'oeil ouvert», promet l'urgentologue en chef du CHUM, la Dre Emmanuelle Jourdenais.

Les hôpitaux Saint-Luc et Notre-Dame fonctionnent déjà à plein régime. Une hausse même minime de leur clientèle pourrait être lourde de conséquences, d'autant plus que l'ASSS-Montréal prévoit que les problèmes aux urgences de l'Hôtel-Dieu dureront jusqu'à la fin du mois d'août.

Prévoir le pire

Chaque jour, entre 75 et 80 patients sont admis aux urgences de l'Hôtel-Dieu. Advenant la fermeture complète de l'unité, tous ces patients seraient dirigés vers les autres hôpitaux de la métropole.

Sur les deux autres sites du CHUM, on craint la crise. Car déjà les soins intensifs débordent. Les neuf lits de soins intensifs de l'hôpital Notre-Dame sont pleins. «On doit annuler des chirurgies cardiaques et les neurochirurgiens ne peuvent plus accepter de patients de l'extérieur. On est déjà dans l'engorgement, déplore le chef du service des soins intensifs du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM), le Dr Tudor Costachescu. C'est mathématique que si on détourne les ambulances de l'Hôtel-Dieu, nous allons en souffrir.»

Selon lui, une diminution temporaire des quotas d'ambulances est la seule solution pour éviter la catastrophe. Présentement, un pourcentage établi d'ambulances est envoyé chaque jour au CHUM. Jusqu'à tout récemment, les trois campus du CHUM se partageaient ces véhicules équitablement. «Si un des trois sites ferme, les deux autres devront absorber la balance des ambulances. Il faut réduire le quota attribué au CHUM», suggère le Dr Costachescu.

Le CHUM a déjà demandé à la population d'éviter de se rendre aux urgences de l'Hôtel-Dieu d'ici à ce que le problème de couverture soit réglé. «Ce qu'on espère, c'est que les gens vont se rendre dans des cliniques réseau ou des cliniques sans rendez-vous pour éviter la congestion», dit la Dre Jourdenais.

- La liste des cliniques sans rendez-vous est disponible ici.