Les personnes en fauteuil roulant devraient-elles avoir le droit d'assister aux réunions du conseil d'arrondissement de Chicoutimi? Cette question, aussi insensée soit-elle, est pourtant une interrogation qui frappe les personnes à mobilité réduite qui se rendent à l'Hôtel de Ville de Chicoutimi pour assister aux réunions.

En effet, il n'y a aucune rampe d'accès et aucun ascenseur pour permettre aux citoyens qui n'ont pas l'usage de leurs jambes d'accéder à la salle du conseil. Par contre, ils peuvent très bien aller payer leurs taxes, car la porte est située au premier étage à l'arrière.

Accès

Le seul recours pour ces personnes est de demander à trois ou quatre personnes présentes de les porter sur deux étages au début et à la fin du conseil. Le représentant régional de l'Office des personnes handicapées, Robert Lavoie, juge cette situation pénible. "C'est inacceptable et indigne de se faire transporter. Je crois que l'accessibilité physique à l'Hôtel de Ville est une priorité", affirme-t-il. Le représentant souligne que le droit de participer à la vie démocratique est un droit fondamental auquel tous les citoyens devraient avoir accès, peu importe leur condition physique.

D'ailleurs, selon la Loi assurant l'exercice des droits des personnes handicapées en vue de leur intégration scolaire, professionnelle et sociale, entérinée par le gouvernement du Québec en 2004, la Ville de Saguenay devrait avoir réalisé un plan d'action à entreprendre dans le but d'améliorer ses services et ses accès aux immeubles publics. Ce plan n'est vraisemblablement pas une priorité pour la Ville qui a attendu plus de deux ans pour déposer le premier rapport et le second est toujours en route alors qu'il s'agit d'un plan annuel. Concrètement, cela signifie que Saguenay aurait dû produire 3 rapports. "Ça fait trois ans que l'article de loi est passé et nous n'avons toujours pas d'avancement", déplore M. Lavoie.

Raoul Simard, conseiller municipal responsable du dossier, avoue que la Ville a traîné de la patte et a négligé cette question. "Je trouve aussi la situation déplorable. Il faudrait faire quelque chose. Honnêtement, les gens à mobilité réduite devraient avoir accès à l'Hôtel de Ville ", convient le conseiller. Il explique que lors des fusions municipales, l'administration a hérité de 320 édifices. De ces édifices, 195 sont considérés comme publics.

"Nous avons prévu réaliser les travaux en trois phases. La première concerne les lieux prioritaires comme les Hôtels de ville. Cela représente environ 1,4M$. La seconde phase est évaluée à 1M$ et la troisième phase demandera 4,2M$ et touchera principalement les loisirs. Au total, c'est plus de 6M$ que nous devrons mettre pour nous conformer", explique M. Simard. Pour réaliser ce plan, le conseil municipal a prévu injecter 300 000$ par année. Par contre, Raoul Simard indique que jusqu'à maintenant, 50 000$ ont été mis. "Nous avons des ajustements à faire et il est certain que nous allons les faire", assure-t-il.

Coûteux

Ce qui empêche la Ville de donner accès aux conseils municipaux aux personnes à mobilité réduite à Chicoutimi, c'est les coûts faramineux que va engendrer une modification de cet édifice patrimonial. "Ça va coûter très cher. C'est un vieil édifice et cela ne sera pas facile", affirme M. Simard.

De son côté, Robert Lavoie précise qu'il existe d'autres moyens beaucoup moins coûteux pour permettre aux personnes handicapées d'avoir accès à l'Hôtel de Ville de Chicoutimi.

"Ils pourraient tout simplement tenir la réunion dans un autre endroit, ou encore la municipalité pourrait installer un système de vidéoconférence. Les personnes à mobilité réduite pourraient alors suivre et intervenir sans pour autant injecter des millions", avance M. Lavoie.

Quoi qu'il en soit, il n'est pas facile pour les personnes handicapées d'avoir accès à l'Hôtel de Ville afin de donner leur point de vue lors des réunions. Une situation qui devrait changer au cours des prochaines années selon le conseiller Raoul Simard.