Rien ne va plus du côté de l'accès à l'information dans la capitale fédérale. Non pas parce que La Presse attend toujours que l'on réponde à sa plainte au sujet du refus de lui communiquer en novembre 2007 le coût de la bouteille de vin offerte par l'ancien ministre des Affaires étrangères, Peter MacKay, à la secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice, mais parce que le système est engorgé. Les documents n'arrivent plus dans des délais raisonnables et, lorsqu'ils arrivent, ils sont tellement caviardés qu'ils n'ont aucune utilité.

Le prix d'une bouteille de vin offerte par un ministre à un homologue étranger n'a en fait que peu d'importance. Or, le gouvernement Harper a décidé d'en faire un secret d'État. Il a rejeté la demande de La Presse l'an dernier parce que la divulgation du prix de cette dive bouteille risquait de porter préjudice à la conduite des affaires internationales du pays.

L'affaire avait fait sursauter les partis de l'opposition aux Communes. Tout le monde se foutait éperdument du prix de ce fameux vin de glace offert à Mme Rice par son «admirateur» Peter MacKay. C'était l'attitude derrière ce refus qui agaçait, et qui agace encore. Mardi dernier, le recherchiste de La Presse et spécialiste de l'accès à l'information à notre bureau d'Ottawa, William Leclerc, a de nouveau pressé le bureau du commissaire à l'information de lui dire où en était le fameux dossier de la bouteille. On lui a répondu qu'il dormait dans un coffre-fort puisque son responsable avait quitté ses fonctions. On a alors promis à La Presse, comme on le fait depuis plus d'un an, de traiter l'affaire «en priorité» ...

Mais ce n'est rien. Depuis la fin du mois de mai seulement, M. Leclerc a reçu du bureau du commissaire 400 accusés de réception de plaintes formulées en 2007 à la suite du refus du gouvernement de communiquer des documents à La Presse dans le cadre de la Loi sur l'accès à l'information. Le bureau du commissaire a écrit à M. Leclerc pour lui signifier qu'il faudra au moins un an pour régler ces plaintes. Du 1er avril 2007 au 7 janvier 2008, selon un document du commissaire à l'information, 1730 plaintes ont été déposées par des demandeurs d'accès.

Les délais de réponse aux demandes d'accès sont devenus carrément surréalistes, affirme William Leclerc. Selon la loi, ces délais ne doivent pas dépasser 30 jours. Un ministère ou une agence peut demander une prolongation de 60 jours. «Maintenant, ces prolongations atteignent 90 et parfois 120 jours, dit M. Leclerc. Et lorsqu'on demande des renseignements sur la présence canadienne en Afghanistan, c'est automatiquement 330 jours! On bafoue la loi et le droit du public à l'information.»

Les partis d'opposition sont d'accord. Ils accusent depuis des mois le gouvernement de faire «de l'interférence politique» lorsqu'il s'agit de l'accès du public à l'information.

La députée bloquiste Carole Lavallée a d'ailleurs déposé au début du mois de juin un projet de loi (C-556) dont le but est d'améliorer la Loi sur l'accès à l'information. Celui-ci est quasiment la copie conforme du projet qu'avait présenté en 2005 l'ancien commissaire à la vie privée, John Reid. Les conservateurs l'avaient même endossé le 3 novembre 2005 en comité parlementaire.

«C'est l'esprit même de l'actuelle loi qui serait changé, affirme Carole Lavallée, en modifiant la culture du secret de l'actuel gouvernement conservateur. Nous voulons obliger le gouvernement Harper à rouvrir la loi, à respecter sa promesse de plus de transparence.»

Le projet de loi C-556 sera débattu en deuxième lecture le 6 octobre.

MONGOLIE

En avril dernier, le ministre David Emerson a décidé d'ouvrir un bureau commercial à Oulan-Bator, en Mongolie. Mais la semaine dernière, le ministère des Affaires étrangères a plutôt annoncé la nomination d'Anna Biolik au poste d'ambassadrice du Canada en Mongolie. Pourquoi dans ce pays, où la densité de population (1,3 hab. au km2) est la plus faible au monde? Tout simplement parce que le Canada, après la Chine, y est le plus grand investisseur étranger. Plus de 25 entreprises canadiennes y exploitent d'époustouflantes ressources d'à peu près tout, du charbon à l'or en passant par le cuivre et l'uranium.

GROSSIÈRETÉ

Stéphane Dion est revenu à la charge mercredi dernier à Kanata, dans l'est ontarien, contre ce qu'il appelle les affirmations «mensongères» de Stephen Harper sur son fameux Tournant vert. Il s'en prend au langage du chef du gouvernement, qui a affirmé à Calgary que M. Dion voulait «fourrer le monde». Le chef libéral a assuré qu'il ne répondra pas au premier ministre sur ce ton et dans ce langage. «Ce n'est pas mon style», a-t-il dit.